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Ma grève en dix mots

Grève
Entre le 13 mai et le 20 juin, une petite dizaine de profs en grève totale (sur une quarantaine dans ce collège ZEP, classé « zone sensible » de la banlieue lyonnaise).

Équipe
Je ne pense pas que nous aurions tenu ainsi sans le soutien, à des degrés divers, de la quasi-totalité des autres collègues.
Une grève avec des TOS, les deux assistantes sociales (les deux à mi-temps sur le collège), le COP. Dans le collège, le travail d’équipe est réel. Un exemple pas futile du tout : un élève coupable d’une dégradation de matériel est sanctionné par une heure de travail en compagnie d’un agent d’entretien, personnel à part entière de l’éducation nationale et qui veut le rester.

Parents
Avec nous, pour ceux qui se sont exprimés aux réunions organisées au collège ou dans le quartier, ou sur le marché où nous sommes allés les rencontrer. Pour l’éducation de leurs enfants, mais aussi en tant que salariés (ou qui aimeraient l’être) contre une société toujours plus inégalitaire (je résume).

Manifestations
Mon slogan préféré : « L’école, oui ; l’eau ferrygineuse, non ! »

Revendications
En bref, qu’on nous laisse les moyens humains de faire notre travail de notre mieux. Atlas plie parfois sous le poids de la charge sociale, éducative, mais tient le coup. Mais si Zeus le foudroie dans le dos au lieu d’étayer sa charge, ça ne va plus.

Choix de société
Expression qui revenait de plus en plus souvent dans les AG. Comment expliquer l’intransigeance de ce gouvernement face à la contestation sociale, son indifférence à tous les cours non assurés pour les élèves (en particulier dans les banlieues populaires), son obstination à exclure les entreprises de la réforme du financement des retraites ?

Fantasmes ?
Au fil des jours de grève, les murs et les tables de la salle des profs se couvrent d’articles de presse, de tracts syndicaux, de textes officiels (ah, le rapport du Conseil d’État !), de tableaux de statistiques sur les retraites. Pas pour alimenter les fantasmes, mais pour renforcer nos arguments et nos convictions.

Manipulation ?
Les discussions quotidiennes au collège ; les AG sur Vénissieux réunissant entre 60 et 130 personnels de l’éducation nationale deux fois par semaine ; une très forte implication de tous, militants syndicaux, politiques ou pas. Point.

Malaise ?
Sauf que ce n’est pas le SAMU psychiatrique ou même social que le gouvernement nous a envoyé, mais les CRS, qui nous ont « soignés » à deux reprises à coups de gaz lacrymogènes. Malaise, peut-être, colère et détermination, sûrement.

Pédagogie
Une conviction forte, pour des grévistes tous très investis dans la vie du collège : que la société se donne les moyens d’assurer la plus large culture commune à tous les jeunes, au moins jusqu’à 16 ans ; pour un véritable « collège unique ». Le combat continue.

Patrice Bride, collège Elsa Triolet, Vénissieux (69).