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Les sciences de l’éducation, des recherches, une discipline

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Les lecteurs des Cahiers pédagogiques s’intéresseront-ils une nouvelle fois aux sciences de l’éducation ? Reconnues comme discipline en 1967, elles ne cessent de se questionner sur leur identité. Sans doute sont-elles l’objet d’une double méprise : la confusion avec la formation des enseignants et l’absence de méthodes de recherche spécifiques. C’est autour d’une double définition : des recherches et une discipline que Jean-François Marcel a organisé un symposium dont les préliminaires, les travaux et la rédaction ultérieure ont donné naissance à cet ouvrage.
Des recherches ? Il n’est pas évident que les travaux sur l’école évoqués dans les premières contributions soient le prototype de ce qu’il convient de promouvoir comme chantier scientifique. Et pourtant les recherches évoquées par Claudine Blanchard-Laville, Marguerite Altet, Chantal Amade-Escot et Jean-François Marcel n’épuisent pas le champ. Comme le rappelle Philippe Dessus, la question essentielle est celle du balancement entre description et prescription. Les chapitres rédigés par Francis Danvers et Bernard Sarrazy remettent tout en cause : créer un vocabulaire des sciences de l’éducation ou interroger les rapports entre pédagogie et didactique revient au même, aboutit à raviver des querelles, redéfinir des territoires avec une agressivité parfois étonnante.
Une discipline ? Un singulier à mettre en doute puisque Chantal Amade-Escot propose même un reversement en parlant d’une recherche et de plusieurs disciplines. À quoi servent les sciences de l’éducation ? La question de leur nouvelle identité à un moment où s’efface le souvenir de la première génération, où s’esquive la seconde et où la troisième est la première à venir de la discipline ne donne pas lieu à une réponse assurée malgré le succès du terme braconnage mais à des admonestations dont la plus vive est délivrée par Jacky Beillerot : assurer la promotion de la discipline non par les plaintes et les demandes mais par la qualité et l’utilité des travaux. « L’ostracisme par exemple dans les sciences de l’éducation françaises de la recherche pédagogique, et, singulièrement celle des mouvements pédagogiques est injure à l’esprit » (p. 202). Merci M. Beillerot et bienvenue aux chercheurs dans nos archives ! Le non-spécialiste découvrira dans cette partie de larges aperçus sur les deux responsabilités historiques de la discipline : ce qu’elle produit comme diplômes et diplômés (même si l’on regrette l’absence de statistiques par ailleurs disponibles) mais aussi sa production scientifique dont la variété explique parfois la faible lisibilité. Il est un point que reprennent tous les auteurs, c’est l’utilité sociale des recherches en éducation, auxquelles les sciences de l’éducation ont vocation à participer, au même titre que d’autres disciplines, et c’est bien ce qui nous intéresse au premier chef. Merci aux auteurs de nous entraîner à la recherche d’une discipline aussi familière que difficile à définir et de nous faire partager les chauds débats de Carcassonne en ce mois de juillet 2000.

Richard Étienne


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