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« Les cycles offrent l’opportunité de ne plus porter en solitaire la charge d’un groupe. »

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Dans les faits, qu’est-ce que ça veut dire, « enseigner par cycles » ?

Enseigner par cycles peut prendre des modalités très diverses mais le but est toujours le même : s’ajuster au plus près aux rythmes d’apprentissage des élèves. Cela implique d’abord une réflexion sur les programmes scolaires, c’est le premier point qu’aborde le dossier. Le témoignage de personnes qui ont participé à la réflexion permet de mieux comprendre le projet. Les programmes de cycle s’appuient sur une logique « spiralaire » : les mêmes savoirs et compétences sont abordés régulièrement pendant la scolarité par approfondissements successifs. En fixant la durée d’un cycle (trois ans), et non plus celle de l’année scolaire, pour que les élèves atteignent les objectifs, les programmes permettent aux enseignants de différencier les parcours et de s’ajuster aux besoins… sans indiquer comment faire. Charge aux enseignants, en équipe si possible, d’inventer la mise en œuvre sur le terrain. Le dossier, sans nier les difficultés qui sont réelles, apporte des pistes concrètes, du cycle 1 au cycle 4. Les auteurs offrent leurs retours d’expérience sur des pratiques aussi diverses que la classe de cycle dans le primaire, l’évaluation, le conseil école/collège, la co-intervention, et bien d’autres modalités de travail en équipe qui permettent de différencier. Pas de solution définitive mais des enseignants, des équipes qui se sont mis en marche, se posent encore beaucoup de questions, et ne reviendraient pas en arrière.

Qu’est-ce que ça apporte aux élèves ? Aux enseignants ?

Pour les élèves, l’enjeu est de taille car il s’agit de prendre en compte leurs besoins, de mieux prévenir et traiter leurs difficultés. Aux enseignants, les cycles offrent l’opportunité de ne plus porter en solitaire la charge d’un groupe. Les élèves ne sont plus seulement ceux de Mme X, professeure de SVT, par exemple, mais ceux d’une équipe de cycle qui organise ensemble les contenus d’enseignement, l’évaluation, la remédiation. Dans leurs articles, les auteurs du dossier témoignent du bénéfice qu’ils retirent des discussion au sujet des élèves, des partages de pratique, ou de la création d’outils collectifs. Le temps investi en concertation leur semble profitable tant aux élèves qu’aux équipes.

Finalement, après avoir coordonné ce dossier, pensez-vous qu’enseigner par cycles, c’est possible ?

Au fond, ce dossier montre qu’il n’y a pas « une » manière d’enseigner par cycle, mais une multitude de voies possible pour intégrer la logique de cycle dans les pratiques. C’est autant un avantage qu’un inconvénient. Un avantage, car cela laisse de la marge aux équipes en fonction de leurs ressources, de leurs contraintes et de leur public. Un inconvénient, aussi, car il est impossible pour l’institution, les chercheurs ou les praticiens de prescrire des démarches qui fonctionneront pour tous. Sans doute le chemin est-il encore long et la formule « un seul enseignant = un même groupe d’élève = une année scolaire » a-t-elle encore de beaux jours devant elle. Le dossier, pourtant, nous a donné de bonnes raisons d’espérer. Les idées qu’il rassemble ne sont pas le fruit d’équipes exceptionnelles prêtes à sacrifier tout leur temps libre pour construire des curriculums hyper différenciés. La plupart des articles sont de petits pas, modestes, mais susceptibles de faire la différence pour les élèves.

Propos recueillis par Cécile Blanchard


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