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Le témoignage d’un prof après le bac 2007…

Nathalie Richit : Comment s’est effectuée la préparation des élèves pour cette première édition du baccalauréat STG ?

AL : L’accent a été mis sur l’autonomie des élèves, le travail tant en classe qu’à la maison, et le contrôle de ce travail. Ce nouveau baccalauréat STG est plus proche des baccalauréats généraux pour permettre aux élèves de réussir des études supérieures, y compris à l’université. Nous en avons informé les élèves et les parents.
On n’a pas été suivi par tout le monde, en particulier sur le travail à la maison. On avait toujours les mêmes élèves, le recrutement n’avait pas changé malgré les exigences nouvelles. On pouvait donc s’attendre à de nombreux échecs au baccalauréat.
La surprise est venue des taux de réussite exceptionnels.

NR : Quelle peut en être la cause ?

AL : Pour l’épreuve de spécialité (coefficient 12, dont 7 pour l’étude de cas écrite et 5 pour l’épreuve pratique composée de l’étude et du projet), il n’y a pas eu de consignes de correction particulières. L’esprit et la difficulté de l’étude de cas étaient ceux que nous attendions. Par contre, on nous a prévenus qu’en économie-droit le sujet était difficile et qu’il nous faudrait nous attendre à une hécatombe. Avons-nous été généreux inconsciemment pour compenser ? D’autre part, les notes ont systématiquement été arrondies au point supérieur.
Concernant l’épreuve pratique, les examinateurs, eux-mêmes enseignants, et manquant de recul par rapport à cette épreuve entièrement nouvelle, ont fait preuve de tolérance et de prudence. Ils ont récompensé l’enthousiasme des élèves par de très bonnes notes (jusqu’à 20/20).
Enfin, les sujets d’oral de rattrapage étaient à mon avis trop faciles, et ne correspondaient pas de ce fait aux sujets zéro. Il ne faut pas oublier que la note obtenue lors de cet oral de 20 minutes remplace la note de l’écrit coefficient 7. Cet oral a permis de rattraper de nombreux élèves qui ne le méritaient pas. Les taux de réussite nationaux aussi bien qu’académiques sont fabuleux.

NR : Y a-t-il des conséquences ?

AL : Les élèves ne nous prennent plus au sérieux : « cela ne se passe pas comme vous l’aviez dit, cela ne valait pas la peine qu’on travaille ». Mon discours a été démenti, je me sens discréditée…

NR : Que comptes-tu faire cette année ?

AL : Je serai plus prudente, j’éviterai les discours décalés par rapport à la réalité.
Il faut que les élèves soient autonomes, créatifs, éveillés, qu’ils aiment ce qu’ils vont avoir à faire.
Trois élèves ont redoublé leur classe de première pour changer de spécialité, j’en attends un effet très positif sur la classe de terminale.
Cette année, je vais revoir ma progression, et planifier l’avancement de mon cours en fonction des thèmes d’étude. Pendant trois mois, je vais faire des TP avec l’outil informatique, pour leur donner les moyens de travailler ensuite les projets en autonomie : il faut qu’ils soient capables de réaliser un travail en groupe, analyser le problème, trouver une solution tout seuls, c’est-à-dire sans l’aide du professeur ou du groupe voisin. Cela demande de la maturité, mais peut leur apporter beaucoup de satisfactions.

Propos recueillis par Nathalie Richit, formatrice en économie-gestion, IUFM d’Aix-Marseille-Université de Provence.