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Le collège unique en question

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Cet ouvrage représente en quelque sorte l’état des savoirs sur le collège ; il est l’œuvre de chercheurs qui sont sans doute parmi les meilleurs spécialistes des problèmes du collège et nous présente donc un panorama des questions qui se posent au collège aujourd’hui (le titre aurait été meilleur avec un « s » à « question » d’ailleurs). On aimerait parfois un style plus incisif et un peu moins de concessions aux codes académiques de la recherche universitaire, mais l’ensemble est d’une grande richesse et ouvre de multiples pistes de réflexion.
On retiendra particulièrement la première partie « Les avatars de la démocratisation du collège » qui reprend de nombreuses études sur les facteurs d’efficacité et d’équité faites notamment par Marie Duru-Bellat et par la DEP ou DPD. La bonne nouvelle est que, contrairement à ce que prétendent les élitistes de tous poils, il y a corrélation entre ce qui va dans le sens de l’efficacité (globale) et ce qui va dans le sens de l’équité. Un collège efficace est aussi celui qui réduit les écarts entre élèves, nous dit Denis Meuret. Pierre Merle rappelle avec précision ce qu’on peut savoir de l’évaluation et confirme que les appréciations positives des élèves les font plus progresser que l’inverse. Les diverses évaluations n’indiquent pas en revanche de supériorité d’un enseignement novateur par rapport à un enseignement plus traditionnel (ni l’inverse non plus) : les choses sont complexes, bien plus que ce que ne le dit par exemple un certain ministre. Ce qui est essentiel, c’est que l’élève soit bien « exposé à l’apprentissage » et aidé dans un climat plutôt bienveillant. Mais il existe trop peu d’études sur les pratiques réelles des enseignants.
On appréciera aussi les références à d’autres pays européens (Angleterre, Allemagne), les études sur les enseignements disciplinaires (surtout l’article de François Audigier sur les sciences humaines à travers l’exemple de l’Europe) ou encore la partie sur la « division du travail éducatif au collège » (contribution notamment de Agnès Van Zanten).
Et on lira avec un grand plaisir intellectuel la postface de François Dubet qui reprend avec beaucoup de clarté et de conviction ses positions sur le collège, intervenant à la fois en tant que sociologue et en tant que citoyen engagé. Il s’insurge contre l’idée simpliste du « maillon faible » (qui vient peut-être de ce que le collège a été davantage objet d’étude que l’amont ou l’aval) et lance un nouvel appel à l’instance politique pour qu’elle fasse des choix cohérents. Certes, les acteurs bricolent, au milieu des contradictions et des doubles injonctions. F. Dubet en rappelle quelques-unes : « accueillez tous les élèves et sélectionnez les meilleurs ; changez le métier, mais défendez les traditions et les disciplines, etc. ». Les « arrangements locaux » dont parle aussi J.-L. Derouet, ont leurs vertus, mais ils ne peuvent éternellement se substituer à des choix politiques plus clairs, à une direction véritable qui est aussi un choix de société.

Jean-Michel Zakhartchouk


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