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Le coin des auteurs

« Maitresse, est-ce qu’on fait écriture aujourd’hui ? Allez, Maitresse, on peut faire écriture ? On n’en a pas fait mardi ! » Voilà ce que l’on peut entendre dans la classe quasi quotidiennement. Des élèves désireux de « faire écriture », entendre, de poursuivre le travail sur leur texte.

La classe lors de l’atelier d’écriture a tout d’une ruche : les élèves sont répartis un peu partout, certains à leur bureau mettant la touche finale à leur texte, d’autres sur les ordinateurs et iPads de la classe à effectuer des recherches sur le sujet sur lequel ils sont en train d’écrire ou d’insérer des images à leur texte, « pour montrer de quoi on parle » et pour que « le lecteur comprenne mieux ». D’autres encore sont en entretien avec moi ou avec un de leurs camarades. Ensemble nous retravaillons le texte, je m’intéresse au contenu, aux choix de l’élève dans sa démarche d’écriture et l’oriente lorsqu’il est bloqué. Les élèves savent maintenant qu’un texte doit être retravaillé plusieurs fois, que l’on doit barrer, réécrire souvent. Par deux, trois ou quatre parfois, certains montent un petit club de relecture. « On se lit nos textes, Maitresse, pour vérifier que tout le monde va bien comprendre. »

Fatou déplace l’étiquette en forme de crayon qui porte son prénom sur le tableau de la classe. Ce tableau contient toutes les étapes de travail sur le texte, de sa préparation (recherche d’informations, création du plan, etc.) à la publication finale, permettant à chacun de repérer visuellement le chemin parcouru et ce qu’il reste à faire. Cela me permet aussi, d’un seul coup d’œil, de voir où chaque élève en est dans l’écriture de son texte.

Les sujets sont libres, ainsi que la forme du texte. Il peut s’agir de fiction, mais le plus souvent, les élèves préfèrent le documentaire. Les sujets sont variés : le sport, les personnages célèbres ou encore les animaux, la nature, etc. Le moment le plus attendu toutefois, celui qui fait monter l’excitation d’un cran, est le moment où, enfin, on va pouvoir imprimer son texte « sur du beau papier » et le partager avec les autres. C’est un moment crucial dans la vie de l’apprenti écrivain, ce moment de publication. Celle-ci se fait de façon très officielle. L’écrivain s’installe solennellement dans le fauteuil dédié à cet effet, attend le silence et commence à lire son texte aux autres, qui n’en perdent en général pas une miette. À la fin de cette lecture, qui n’est en aucun cas obligatoire (on a tout à fait le droit de ne pas partager son texte avec les autres), les commentaires, souvent constructifs, fusent : « J’ai bien aimé ton texte, j’ai trouvé qu’il était intéressant et j’ai appris des choses sur la gym », ou encore « Tu aurais pu aussi parler de l’équipement de la salle, parce qu’on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans ». Le texte est ensuite ramené à la maison pour être lu par la famille et est ensuite accroché sur notre panneau « Coin des auteurs » dans le couloir, afin que tous puissent le relire s’ils le souhaitent.

L’écriture de textes est devenue un moment de plaisir partagé dans la classe, et l’enthousiasme des élèves un véritable facteur de motivation pour l’enseignant !

Aurore Valat