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Langues et cultures de l’Antiquité

Avant-propos:

Qu’apprendre des langues et civilisations anciennes ? par Dominique Augé et Richard Étienne

1. Tout est bon pour apprendre

2. Apprendre à comprendre les langues

3. Apprendre l’altérité

4. Des ressources


Dominique Augé et Richard Étienne, vous venez de coordonner le hors-série numérique sur les langues et cultures de l’antiquité. Dans votre avant-propos, il est question de plaisir et d’avenir pour elles. Dans quoi les reconnait-on ?

dominique-auge_.jpgDominique Augé : Suivre un cours de latin ou de grec, c’est d’abord apprendre, et en cela même, cet apprentissage n’a rien de différent de ce que l’on peut vivre ailleurs : un apprentissage réussi c’est d’abord celui qui met en avant « la saveur des savoirs » pour reprendre Jean-Pierre Astolfi et en langues anciennes c’est en même temps comprendre que le présent n’a de sens que si on regarde derrière et devant.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus intéressé dans l’ensemble de textes reçus ?

richard-etienne.jpgRichard Étienne: Je voulais garder quelques textes forts du numéro 353 mais nous avons dû faire de la place pour de fort belles contributions qui sont arrivées comme autant de présents : les souvenirs de litanies à retenir sans faire sens (Rosa, rosa, rosam…) cèdent la place à l’émotion de la découverte du patrimoine littéraire (Jean-Michel Zakhartchouk), au dialogue de langues très vivantes (Nathalie Blanc, Cécile Boddaert…) ou encore à un projet citoyen (Patrick Voisin) ou européen (Marc Bubert). Enfin, le texte de Catherine Klein énonce avec une belle énergie les raisons et les modalités d’un apprentissage optionnel des langues et cultures de l’antiquité.

Si je vous demande de choisir l’un et l’autre un court passage particulièrement éclairant ou plaisant, lequel serait-il ?

Richard Étienne: « Les Langues et Cultures de l’Antiquité (LCA) doivent aussi ouvrir les yeux sur Antioche, Alexandrie, Carthage ou encore Césarée pour aboucher la Méditerranée antique du fin lettré qu’était Juba II, par exemple, ou encore du Berbère Augustin… à la Méditerranée plus contemporaine d’Albert Camus (Noces à Tipasa) ou d’un Gabriel Audisio pour qui Ulysse aurait pu naître à Alger tout aussi bien qu’à Ithaque – ce que l’exposition liminaire de Marseille-Provence 2013 a fait revivre de manière émouvante, matière à un vrai enseignement de LCA corrélé aux textes grecs et latins mais aussi à la littérature en langue française, au sein d’un enseignement de lettres rapprochant classiques et modernes dans des Humanités complètes et non schizophréniques ! » Patrick Voisin sait en une phrase relier le passé et le présent, Rome à Carthage, réunir Camus et Marseille, capitale européenne de la culture mais aussi foyer toujours vivant de l’euroméditerranée.

Dominique Augé : Ce passage, pour moi : « Pas d’image d’Épinal, mais une introduction à la complexité des civilisations qui peuvent combiner grandeur et horreur. » (Jean-Michel Zakhartchouk). Il ne s’agit plus en effet de croire en un dogme ou de répéter le credo d’une discipline altière, qui vivrait dans le mépris des autres, mais bien de comprendre que nos élèves sont d’abord là pour se comprendre eux-mêmes, dans la complexité de leur propre monde, et que les LCA peuvent les y aider !