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La persévérance scolaire : regards croisés

Le lecteur trouvera dans cet ouvrage collectif une belle incursion à partir de regards croisés autant philosophiques qu’éducatifs de ce que signifie la persévérance scolaire.

Celle-ci est définie par Bernard Jolibert comme rempart au décrochage, comme une décision volontaire, à renouveler sans cesse, face aux déplaisirs de la difficulté scolaire, aux tentations ou séductions internes ou externes vrillant avec les réelles motivations, contrant lassitude ou renoncement. Plusieurs approches tentent de mieux comprendre la persévérance : soit comme déterminée ou arbitraire, soit comme un acte volontaire, soit basée sur une lutte ou un conflit des tendances internes, soit sur un effort et une ténacité sans faille. On y fait une référence forte à Alain, selon qui l’enfant ne devrait pas être abandonné devant des difficultés qui le dépassent. Eric Debreucq analyse la vertu de la persévérance sous plusieurs angles : « la persévérance-don » de Saint Augustin (De la persévérance, écrit en 428), comme soutenue par la grâce, les hommes n’y pouvant rien à eux seuls ; « la persévérance-effort » de Jules Barni et Célestin Freinet qui valorisent le travail, l’effort et la pédagogie de l’exercice comme des leviers principaux ; « la persévérance-désir » de Charles Fourier sur la manière d’apprendre à aimer le travail, sur une théorie de l’école-atelier de Pierre-Joseph Proudhon et encore de Charles Taylor sur l’individualisme expressif et la culture de l’authenticité. Pour Debreucq, « Il se pourrait donc que l’éducation doive s’efforcer d’acheminer chacun à la persévérance, qu’elle ait, autrement dit le devoir de concilier la faiblesse, le pouvoir et le désir, de reconnaître les impuissances, de renforcer en chacun la puissance et de faire droit aux aspirations des personnes, l’obligation d’établir un équilibre aussi fragile que le sujet à éduquer, où celui-ci puisse trouver, ou retrouver, la possibilité même de son être. » (p. 44).

On retrouve des formes pédagogiques qui ont été expérimentées, on a pu mettre en valeur les richesses des élèves par l’organisation des classes, des formes de travail, et par l’intervention de l’équipe pédagogique : Les classes nouvelles au lycées Victor-Hugo de Besançon, 1945-1952 (Jean-Jacques Dupaux).

Dans la deuxième partie de l’ouvrage, le lecteur trouve les projets de Laboratoires de la persévérance scolaire, des recherches-action, chacune d’entre elles à la mesure de l’établissement scolaire ou professionnel. Sont décrites les actions pédagogiques mises en œuvre pour un accueil des élèves, l’individualisation des prises en charge, le développement du bien-être à l’école, des pistes pour influer sur le climat scolaire et les conditions pour bien apprendre.

Pour que l’élève persévère, l’ouvrage nous le rappelle avec force, il faut à la fois un projet et une responsabilité collective des enseignants et des différents intervenants éducatifs ! Ce constat n’est pas du tout neuf mais peut-être faut-il réaffirmer que l’école doit persévérer  à son tour pour mieux scolariser les élèves d’une manière démocratique. 

Andreea Capitanescu Benetti