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La DP3 : à la découverte des métiers et des lycées professionnels

L’option facultative de découverte professionnelle de trois heures hebdomadaires en classe de 3e (DP3), mise en place à la rentrée 2005 dans les collèges, se décline localement de façon très variée. Cette nouvelle prescription nationale « vise à apporter aux élèves une première connaissance du monde professionnel par une découverte des métiers, du milieu professionnel et de l’environnement économique et social. »[[Pour plus d’informations, voir le site de l’Éducation nationale.]]
Dans ce collège, les enseignants qui ont pris en charge cette option ont dû se former à ce nouvel enseignement et à une forme de travail différente de l’enseignement disciplinaire.
En 2009-2010, ils sont trois enseignants à s’occuper de ce dispositif. Marie-Laure Truchot, professeur de mathématiques a rejoint l’équipe cette année, Christophe Jean, professeur de mathématiques, travaille pour la deuxième année avec Raphaël Gintz, professeur d’EPS, qui est le plus chevronné, puisqu’engagé dès la mise en place du dispositif dans le collège, c’est-à-dire depuis trois ans. Ces enseignants sont tous les trois volontaires, il s’agit d’un choix délibéré, « et ce doit être comme ça ! » Ils ne conçoivent pas leur investissement autrement.
Ce nouvel enseignement nécessite la connaissance des milieux professionnels, de divers contextes de formation, lycées ou apprentissage, et c’est surtout sur la découverte des lycées professionnels et de l’orientation des élèves que ces enseignants s’investissent.
Ce témoignage présente la façon dont ils font travailler les élèves pour préparer la visite des lycées professionnels et créer chez eux de l’intérêt, tout en cherchant des organisations réalisables avec les moyens à disposition. Chaque sortie est optimisée par un travail en amont et le recueil d’informations est mobilisé au retour dans l’établissement, notamment pour le travail d’orientation.

Le choix des établissements, fait par les enseignants, conjugue plusieurs principes.
– Le premier est celui de la proximité géographique, d’une part parce que le déplacement ne doit pas prendre trop de temps et d’autre part parce « les déplacements pour des visites d’établissements ne sont pas financés ».
– Un autre principe est l’intérêt des élèves pour la spécificité de l’offre de formation de l’établissement. Par exemple, la visite du lycée hôtelier de Tain l’Hermitage permet « une réflexion sur les métiers de la restauration et de voir des élèves de leur âge ou d’un an plus âgés, en situation [d’apprendre en lycée] ».
– À cela s’ajoute le principe de faisabilité : le déplacement est jumelé avec la visite d’une entreprise afin d’obtenir un financement par le contrat d’objectifs du collège. Ce même financement est complété par des crédits d’enseignements disciplinaires.
Au collège, les élèves font d’abord une visite virtuelle, ils vont sur « le site internet de l’établissement pour répondre à certaines questions ou en poser d’autres » et préparent « un questionnaire collectif » utilisé lors de la visite du LP.

Nouer et entretenir des relations de travail avec les enseignants de LP

Les enseignants se chargent de l’organisation de la visite de l’établissement, qui débute par une prise de contact, « avec le chef des travaux ou le chef d’établissement, par téléphone ou mail ou via un intermédiaire (qui peut faire partie d’un réseau de connaissances personnel) », ce premier contact permet ensuite d’organiser au mieux « la visite et en fixer les modalités ».
La relation avec les collègues des LP consiste en « la prise de contact par les enseignants pour organiser la visite ou récupérer des documents, des vidéos ou autres, avant la visite ». Les enseignants mobilisent ainsi des ressources, professionnelles ou personnelles, pour répondre à une nouvelle forme de travail avec les élèves. Les élèves sont aussi investis dans l’entretien de ce lien avec les LP grâce à la rédaction de documents suite à la visite : « une lettre de remerciements est rédigée par les élèves après la visite [durant laquelle] des questions sont posées par les élèves ».

Des stratégies variées pour forger la motivation des élèves

Les enseignants travaillent avec les élèves sur les métiers de secteurs d’activité variés, « agroalimentaires, industrie, cinéma d’animation, bâtiment, justice » et avec des démarches différentes, telles que « les visites d’entreprises, les rencontres avec des professionnels (la plupart du temps sur leur lieu de travail) et des recherches personnelles faites par les élèves sur les métiers ou les présentations, ainsi que sur la place de ces métiers dans l’entreprise ».

Rendre visibles le travail des élèves et leur intérêt pour le monde professionnel

Le travail des élèves est visible sur le blog dédié à la DP3, il est ainsi accessible aux parents et aux professionnels. Les internautes peuvent consulter les différents documents réalisés par les élèves : « La description de la structure de l’entreprise, avec les différentes professions qu’elle accueille, et la mise en évidence de points communs au niveau structurel quelque soit le secteur d’activités ».

L’orientation des élèves au cœur des préoccupations professionnelles

La visée d’orientation s’inscrit en fondement de la découverte des métiers : « Le travail sur l’orientation se fait indirectement par la découverte des secteurs et des métiers, comme, par exemple, lors de discussions avec des professionnels sur leur formation initiale et leur cheminement personnel, ou plus directement lors de la préparation de la visite du « Mondial des métiers » qui a lieu à Lyon en février ». Au cours de ces discussions, les élèves peuvent aussi découvrir de façon fortuite des motivations, ce qui permet aussi de faire « le point avec eux sur leurs gouts ou leur choix d’orientation ».

Des enseignants faisant preuve d’inventivité : une nouveauté, « les vendredis de l’orientation »

« L’opération appelée “Les vendredis de l’orientation”, a débuté cette année. Pour la première fois, tous les élèves de 4e et 3e sont libérés le vendredi de 13 h à 14 h. Sur ce créneau horaire, une information sur un secteur d’activités ou une formation est faite à tous les élèves intéressés (participation libre) par un intervenant extérieur. À ce jour, trois présentations ont été réalisées sur :
– les métiers de l’artisanat par un représentant de la chambre des métiers de Romans ;
– les métiers de la maintenance par deux représentants du LP Montesquieu ;
– les métiers de la chimie par un intervenant de la Maison de la chimie (Lyon).
Une prochaine séance est en prévision sur les métiers du scientifique par une association ».
« Les élèves de DP3 sont associés à cette présentation »
à la suite de laquelle ils produisent un article consultable sur leur blog.
Les enseignants sont confrontés à des obstacles lorsqu’ils préparent de telles manifestations. En effet, « il faut trouver les volontaires puis entrer en contact et organiser l’information auprès des élèves ! »

Ce témoignage montre comment les enseignants investis dans la DP3 font découvrir des univers professionnels variés aux élèves afin que ces derniers se forgent une motivation vers un secteur de formation. Ces enseignants contribuent au projet d’orientation des élèves qui, pour ceux qui intègreront un lycée professionnel en 2de, arriveront avec une connaissance préalable de leur nouvel établissement d’accueil et avec une motivation certaine.
Le travail des enseignants engagés dans cette DP3 s’appuie sur des ressources et arrangements qui, progressivement, structurent des façons de faire locales. Ainsi cette organisation donne corps à une configuration locale d’une prescription nationale.

Sabine Coste
Article rédigé à partir des entretiens réalisés par Jean-Yves Viain, enseignant associé à l’INRP, auprès de Marie-Laure Truchot, Christophe Jean et Raphaël Gintz, enseignants en collège à Valence (Drôme)