Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

La BD a son espace culturel

Jeudi 31 janvier 2013, à 17h00 alors que la 40e édition du festival est lancée, nous rencontrons Catherine Ternaux, Marie Restoin et Elisa Laget, employées à la cité de la bd et désireuses de partager leur expérience et leur mission.

Les chais Magelis abritent depuis 2009 le musée de la bande dessinée d’Angoulême, les collections d’imprimés patrimoniaux et le centre de documentation de La Cité. Celui-ci se trouvait auparavant confiné dans un petit espace du vaisseau Moebius (ancien CNBDI situé en face de l’actuel musée). Aujourd’hui, c’est un espace ouvert et lumineux où sont mis à disposition des étudiants, chercheurs et spécialistes des centaines d’ouvrages et de documents. Ce déménagement s’est accompagné d’une augmentation significative de la fréquentation du lieu.

Ce centre de ressources est ouvert uniquement sur rendez-vous et permet de consulter les ouvrages critiques publiés sur la bande dessinée, les revues consacrées au 9e art, les documents patrimoniaux conservés dans les réserves (+ de 60 000 albums et + de 4000 titres de revues), des dossiers documentaires consacrés à des auteurs ou différentes thématiques, des travaux universitaires et des documents vidéos. Le pôle vidéo est, selon Catherine Ternaux, en nette augmentation (pensons à la série documentaire Comix, de Benoît Peeters coéditée par Arte et l’INA et consacrée aux grands noms du 9e art).

Il existe très peu d’équivalent en Europe à ce centre de recherches. De fait, les usagers viennent d’horizons divers et leurs motivations sont très variées. Du chercheur espagnol qui se documente sur la traduction des albums de Jerry Spring ou du commissaire d’exposition français qui compose le catalogue d’une future manifestation en passant par l’étudiant en histoire versant dans l’adaptation illustrée d’une guerre en particulier, le centre est définitivement ouvert à tous les sujets et cosmopolite. La plupart du temps, les usagers travaillent sur de courtes mais denses périodes. Catherine Ternaux[[Philosophe et documentaliste d de formation, Catherine Ternaux est également écrivain.]] est chargée d’accueillir le public et d’enrichir le fonds d’acquisition. De plus en plus de ressources sont mises en ligne sur le site citebd.org, et un portail de recherche vient d’être mis en ligne sur neuviemeart2.0.

Marie Restoin, elle, est à l’origine du service éducatif de la Cité de la bd ainsi que de l’espace jeunesse du Festival. « Elle apporte son expertise au ministère de la Jeunesse et des Sports et au ministère de la Justice (Protection Judiciaire de la Jeunesse). Depuis 2005, elle est chargée de mission formation et développement à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image. Elle intervient auprès des bibliothécaires, des enseignants et des éducateurs pour les initier à l’univers de la bande dessinée en général (historique, styles graphiques, phénomène manga, etc.) Ces formations sont composées d’une alternance d’ateliers théoriques et d’ateliers pratiques qui posent la question de la médiation[[Présentation extraite des « intervenants de la cité », citebd.org]]. »

Marie Restoin insiste sur l’aspect pédagogique lors des formations et donne des outils pour aborder la bande dessinée. « Il existe deux types d’approches prédéfinies, les professeurs viennent avec une envie “illustrative” – mettre en image un extrait de livre ou de un épisode historique– et une autre “esthétique” – ils souhaitent que les enfants dessinent comme ceci et pas autrement et vont rejeter, par exemple, les dessins de type manga – mais il existe une troisième approche : la bande dessinée comme instrument de culture, autrement dit que peut-on apprendre avec la bande dessinée ?» Nous sommes alors dans la dimension de l’interculturalité et de la lecture-plaisir. Un moyen très adapté d’entrer dans un album est d’en analyser une image isolée. Cela permet de commencer à repérer une atmosphère, des personnages et des actions. De fait, l’album paraît déjà plus familier lorsque l’on en a apprivoisé un fragment.

Dernière protagoniste : Elisa Laget[[Élisa a suivi le cursus bande dessinée à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême (EESI). Elle est également illustratrice.]], médiatrice culturelle à la cité. Son travail dépend de l’action culturelle.

En lien avec la programmation culturelle de la Cité, elle conçoit et mène des visites/ateliers en direction du public scolaire, pour des séances de découverte de la bande dessinée ou des projets au long cours. Également chargée de concevoir un programme culturel en direction du jeune public et des familles, elle sollicite des artistes pour des interventions destinées à valoriser et à transmettre une pratique artistique (bande dessinée, animation, jeux vidéo, illustration). Globalement ce sont les ateliers de pratique qui attirent le plus les publics scolaires car ils permettent d’expérimenter. Au service éducatif, Élisa collabore avec Claire Simon[[Professeur de français en Lycée, chargée de mission BD au Rectorat et professeur relais à la Cité internationale supérieure de l’image d’Angoulême.]] afin de concevoir les fiches à destination des scolaires. C’est une aide précieuse selon Élisa car le regard de l’enseignante est pertinent et permet d’avoir une réelle accroche au niveau des programmes.

Quelques ouvrages utilisés par Élisa : Dada à la cité « je le relis dès que je dois mener une visite guidée de l’exposition permanente car il y a de nombreuses anecdotes et informations » ; Comment dessiner, par Zep et Tebo « c’est politiquement incorrect mais très spontané et rigolo » et L’atelier de Jojo et Yvan, de Jean-Yves Duhoo « plus foisonnant mais très inventif ».

Propos recueillis par Mélie Jouassin.