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LES IUFM et la formation des enseignants aujourd’hui

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Dix ans après leur installation, André D. Robert et Hervé Terrail dressent un triple bilan des IUFM aux plans historique, sociologique et pédagogique. Ils en retracent l’archéologie, à travers la réforme Jean Zay, le plan Langevin Wallon, le colloque d’Amiens, le rapport de Péretti. Ils rappellent le contexte ambitieux et difficile de leur naissance puisqu’il s’agissait d’augmenter la qualification des instituteurs et de pallier la pénurie des recrutements. Ils évoquent le cap de leur troisième année, l’année 1993, quand le ministre responsable F. Fillon, cacique du RPR qui avait gagné les élections législatives, envisagea un temps leur fermeture.

La formation commune sert aux auteurs d’analyseur et ils montrent comment ce qui constituait au plan pédagogique la pierre de voûte entre le corps des instituteurs et celui des professeurs a failli, renvoyant à une typologie très variée des comportements des acteurs : comportement d’adhésion, de conquête et de légitimité, d’évitement, de conservation ou de maintien de la tradition, ou encore d’opposition. On pourrait suggérer l’emploi d’autres analyseurs pour regarder ce qu’ont été réellement les pratiques des acteurs : la place des sciences humaines dans la formation (notamment la sociologie), les pratiques d’alternance, intégrative ou non, adoptées, les politiques de contractualisation de la formation développées, l’importance accordée à la recherche localement, puisque pendant une longue période elle fut exclue de ces instituts, la nature de l’osmose entre enseignants chercheurs au profil universitaire, enseignants du second degré et formateurs de terrain… Les travaux de manquent pas qui compléteront cet ouvrage dont le mérite est d’initialiser avec clarté et sans parti pris une réflexion critique à un moment, où, comme ils le rappellent, on parle (mais que fait-on d’autre au niveau du ministère, souvent et parfois longtemps) de réorganisation des cursus et de transformation de la place des concours.

La conclusion des auteurs qui rappellent les deux principes avancés avec force au moment de la création des IUFM : l’unicité des centres de formation et le caractère universitaire de la formation des enseignants de toutes catégories, est somme toute empreinte de grande retenue. Citons-les : « les actuels IUFM dans leur ensemble et chacun d’eux pris dans sa singularité sont à considérer dans leur héritage et leur devenir : ni anges, ni bêtes selon la formule pascalienne, mais des construits humains avec leurs réussites et leurs faiblesses, appelant sans cesse l’analyse critique et l’expression démocratique en leur sein, afin de viser à leur amélioration permanente ».

Un ouvrage qui mérite d’être approfondi par les acteurs dans les instituts, afin d’impulser, si besoin était, de dynamiser, si nécessité existe, de conforter le cas échéant une réflexion jamais achevée sur la professionnalisation enseignante, dont on s’étonnera qu’elle constitue rarement un objet interne de recherche dans les instituts universitaires de formation des maîtres.

Michel Develay


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