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L’éducation scientifique par immersion

C’est ainsi qu’est né le projet « Penser avec les mains », qui regroupe différentes actions, dont l’objectif commun est d’initier les instituteurs et les élèves à la culture scientifique. Ces derniers se familiarisent avec un savoir théorique, des aventures humaines d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi et surtout avec une démarche d’analyse qui favorise la pensée critique[[« Penser avec les mains, rapport d’activités 2003-2004 ». S. Hulo, Passerelle Science-Cité de l’Université de Genève; Août 2004.]].

Pour expérimenter cette démarche dans les classes, il était important de recréer un contexte lui donnant du sens. L’Unige développe ainsi des projets scientifiques et pédagogiques qui emmènent les participants dans une histoire. Ces projets, intégrés dans le réel, ouvrent par la même occasion, des fenêtres sur le monde.

Pour petits et grands

L’équipe de « Penser avec les mains » prépare actuellement Clim@TIC, un projet portant sur la gestion des changements environnementaux et destiné à des jeunes de 10 à 18 ans[[« Clim@TIC »: Dossier de présentation. – Pour obtenir ces documents, écrire à palm@science-cite.ch ]]. À travers l’étude de la déforestation et des changements climatiques, l’objectif de cette initiative est de sensibiliser les jeunes à la complexité sous-jacente aux thématiques environnementales et de les familiariser avec une approche systémique – soit écologique, humaine et sociale – de ces questions.
Que nous apprend la communauté scientifique sur ces changements environnementaux ? Quel est l’état actuel de la situation ici et ailleurs ? Quelles sont les causes de ces changements et quelle en est notre responsabilité ? Quel avenir, ici et ailleurs, pour les populations et leur environnement ?

Clim@TIC s’articulera en trois volets pédagogiques répartis de 2006 à 2008 : un volet équatorial, et deux volets polaires. Le volet équatorial se développe en collaboration avec la République Démocratique du Congo (RDC), sujette à la déforestation et les volets polaires intègrent les régions Arctique et Antarctique qui contribuent de manière fondamentale à la compréhension des changements climatiques. Des événements organisés dans ces différentes régions du globe viendront ponctuer ces trois années de projet. Ils immergeront les élèves dans une autre réalité et leur permettront de mieux saisir les liens qui existent entre le Nord et le Sud, entre le local et le global et entre les sciences naturelles, humaines et sociales.

Ainsi, les enfants de 10-12 ans seront invités à participer à une enquête de terrain portant principalement sur la déforestation dans le bassin congolais et sur ses conséquences humaines et écologiques. Ils piloteront à distance une équipe connaissant la région et les partenaires locaux.
Les lycéens seront également confrontés à cette réalité congolaise. Partant de problématiques concrètes, rapportées par des experts (ex : glissement de terrain dans la région de Bukavu), ils tenteront de proposer une « solution » qui fera l’objet d’un rapport. Ce document sera ensuite envoyé en RDC et expertisé sur place par une équipe d’étudiants, connaissant parfaitement la réalité de terrain. Les lycéens devront finalement adapter leur proposition aux contraintes locales exposées par les étudiants congolais.
Ces diverses expériences seront l’occasion pour les élèves de découvrir l’autre, son environnement, ses besoins et ses motivations, de dialoguer avec des scientifiques et d’appliquer une démarche scientifique à divers domaines.

Finalement, des scientifiques et des pédagogues élaborent actuellement des formations continues et divers supports didactiques pour aider les enseignants et les élèves à se familiariser avec l’approche, fondamentalement transdisciplinaire de la gestion des changements environnementaux, proposée par Clim@TIC.
Parmi ces outils, une bande dessinée, pour des enfants du primaire, a été réalisée. Elle présente l’histoire d’Alibert, 10 ans, qui, au cours de voyages et au fil de rencontres, découvre les multiples causes et conséquences de la déforestation et des changements climatiques. À travers les yeux de ce garçon, les jeunes lecteurs se familiariseront à leur tour avec cette complexité. Des documents pédagogiques, apportant des éléments théoriques et proposant des activités à réaliser avec les élèves, seront associés à cette bande dessinée et aideront l’enseignant à l’utiliser comme support de réflexion.

La science dans la Cité

En 2003 l’Unige avait déjà réalisé un premier projet de ce type, destiné aux écoles genevoises et intitulé « Antarctica2003 », qui avait pour pierre angulaire le voyage en Antarctique, à bord d’un brise-glace, d’un astrophysicien, d’une lycéenne et d’une journaliste, partis observer une éclipse totale de soleil.
Cet événement de terrain avait créé une réelle émulation dans les écoles. Enseignants et élèves pouvaient interagir avec les différents acteurs du projet, s’impliquer concrètement dans une « aventure scientifique » et influer sur son cours. La science apparaissait alors comme une activité profondément humaine, dynamique et passionnante, créant l’engouement général.

Par leur nature « événementielle », ces projets intéressent également les médias, faisant ainsi éclater les murs de l’école : tout d’un coup, la science descend dans la rue, on en parle dans les journaux, à la télévision ou encore dans les musées, elle devient sujet d’échange, prenant ou reprenant ainsi une place dans le quotidien de chacun.

Sophie Hulo, Passerelle Science-Cité, LDES université de Genève.