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L’Éducation, un bien commun confisqué

La lutte contre les inégalités scolaires est une priorité, entend-on partout !
Comme l’école est mère et fille de la société, on ne peut que l’évoquer – même rapidement – quand on parle d’éducation. Le terrible « chacun pour soi » a le vent en poupe et le concept d’intérêt général bat de l’aile. La fraternité et la solidarité sont ainsi mises à mal et l’on sème quelques grains de charité pour se donner bonne conscience. Et l’école n’est pas en reste !

La fameuse « égalité des chances » entretient ce « chacun pour soi ». L’individu est responsable de ses réussites comme de ses échecs : « Tu n’as pas su ou voulu saisir ta chance ! » Les différences sociales et culturelles restent à la porte de l’école !
Avec le développement du chômage, avoir un bon bagage scolaire devient le principal objectif des familles, la concurrence s’installe partout avec une école de plus en plus compétitive.

Ce que nous enseignent les rapports internationaux

Les différents rapports internationaux et nationaux (CNESCO, TIMSS et PISA)[[CNESCO : Conseil national d’évaluation du système scolaire
TIMSS : Trends in International Mathematics and Science Study
PISA : Programme for International Student Assessment (OCDE)]]indiquent que le système éducatif français n’est efficace que pour une élite scolaire issue majoritairement des milieux les plus favorisés socialement. Pour beaucoup d’enfants et de jeunes, ils peinent à avoir tout simplement les savoirs de base.
Mais si l’école ne réussit qu’auprès de son élite, on peut penser que ce n’est pas de son fait ! En effet, n’est-ce pas les familles qui apportent aux enfants – ou pas – les clés culturelles qui leur permettront de profiter des enseignements scolaires avec succès ?
Il est possible d’améliorer la mixité sociale dans les établissements en changeant les cartes scolaires, en mettant en place des moyens de transport pour les déplacements, en améliorant les temps et espaces d’enseignement, de vie scolaire… mais il faut aussi y respecter la mixité scolaire, car sinon, on obtient une ségrégation encore plus visible pour les jeunes, puisque le système trie devant eux. Le sentiment d’injustice est alors très fort, le défaitisme gagne beaucoup d’élèves et un certain nombre d’entre eux décrochent.

Intérêt général et intérêts particuliers

Ne rêvons pas, pour que vive l’intérêt général à l’école, il faut que les intérêts particuliers s’y retrouvent… et c’est possible ! Des pratiques et des organisations pédagogiques le permettent.
Notre système éducatif a des œillères, il ne voit pas – ne cherche pas à voir – les établissements, les équipes et les enseignants qui expérimentent ; il pourrait analyser les effets positifs de leurs différentes pratiques et en nourrir ses politiques, ses réformes qui deviendraient alors légitimes, un statut indispensable pour que les professionnels de terrain y adhèrent.
Ces pratiques pédagogiques dites innovantes sont expérimentées depuis des décennies, mais ne profitent qu’à un tout petit nombre d’enfants. Alors quand on entend aujourd’hui que « les pédagogues prétentieux » sont responsables de l’état de l’école, on ne peut que rire jaune !

Le choix de la coopération

Pourtant on sait – par différentes études universitaires et certains systèmes éducatifs étrangers –, que la coopération, l’absence de compétition, le droit à l’erreur, le choix d’une évaluation qui valorise au lieu de juger et de sélectionner, la continuité d’enseignement tout au long d’un cycle, le mélange des âges et des niveaux scolaires, des disciplines qui se croisent, des situations pédagogiques qui permettent l’engagement de chacun, une orientation tardive… donnent des résultats et pour tous les enfants – qu’ils soient issus de milieux favorisés ou non.
L’Éducation nouvelle en France, une utopie à réaliser encore et toujours !