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Journée nationale de l’OZP

Qu’avez-vous pensé des débats qui ont eu lieu lors de la journée, qu’est-ce qui est ressorti d’important ?
VS : Les journées OZP sont des moments dynamisants et où l’on vient chercher de l’information directe, s’enrichir des regards et réflexions des autres, tant dans la diversité des fonctions représentées (de l’école à la DGESCO) que dans la diversité des territoires (académies) et de leurs interprétations en terme d’organisation, d’actions d’une même politique et de ses directives.
Ces journées permettent, pour un coordonnateur comme je le suis, d’avoir une vision et une compréhension élargie de ce qui est attendu, de recueillir des témoignages d’expériences, apports qui deviennent parties prenantes de la démarche réflexive et de synthèse de son propre travail.

AL : Lors des débats et des ateliers, l’élément fort de « l’agir » comme volonté politique de notre institution est ressorti prioritairement. Cet impératif sociétal répond à deux volontés : la première est de faire réussir tous les élèves, surtout ceux dont les conditions sont les plus dégradées ; et la seconde est de réduire la fracture sociale.
Cette refondation de l’éducation prioritaire est une réponse cohérente et ambitieuse. Elle est globalisée avec l’enseignement primaire en évitant la césure des cycles, qui pour les élèves de l’éducation prioritaire est un véritable couperet et elle est construite avec les acteurs de terrain sans être une énième injonction « descendante ». Lors des ateliers, il est apparu qu’il y avait un consensus : les pistes proposées vont dans le « bon sens », ou en tout cas dans un sens cohérent et raisonné.
Maintenant, comme souvent, l’ensemble des acteurs attend de savoir si les orientations politiques ministérielles seront suivies de déclinaisons académiques fortes et si les ressources sanctuarisées pour l’Éducation prioritaire seront véritablement dévolues à ces choix politiques ambitieux et nécessaires.
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Comment percevez-vous le nouveau référentiel de l’éducation prioritaire, et plus généralement l’évolution de celle-ci ? Qu’est-ce qui pourrait donner un peu d’optimisme « cette fois-ci » ?
AL : Pour ce qui concerne le référentiel, le fait qu’il soit un recueil de conseils, d’indications et d’orientations incitatives est un élément précieux qui lui permet d’être plus un outil de cadrage et de ressources qu’un « guide des bonnes pratiques » transposant sur des situations locales disparates des conseils bien souvent inutilisables et décalées par rapport au terrain.
Il permet à chaque réseau de se saisir d’un ou plusieurs axes en vue de les décliner localement en fonction des contraintes humaines et organisationnelles et des partenaires locaux.
Il permet aussi l’organisation du temps en permettant aux acteurs d’agir sur la durée et de coordonner ou de hiérarchiser les priorités
Il laisse espérer la transférabilité et la mutualisation de ressources par la création de fiches pratiques d’accompagnement, évitant ainsi l’épuisement d’acteurs. Il sera, je l’espère, un moyen de répondre aux difficultés engendrées par le départ ou le retrait de personnes engagées dans des projets. En effet trop souvent les projets reposent sur les personnes et ne se pérennisent pas, faute de transférabilité des dossiers.
Ce référentiel ne pourra exister qu’en créant un corps de personnels formateurs capables de soutenir, de former et d’informer les acteurs de terrain dans leur action pédagogique.
En conclusion, c’est un élément fort et optimiste de l’évolution de l’éducation prioritaire qui reconnait aux acteurs de terrain une expertise et des compétences pour trouver localement des réponses adaptées sans » rogner « sur l’exigence et la recherche d’excellence qui animent tous les acteurs de l’Éducation.
Cet optimisme que nous avons toujours cherché à conserver afin de ne pas succomber aux sirènes du déclinisme et de la résignation ne perdura que si on reconnait enfin aux acteurs de l’Éducation prioritaire une spécificité et qu’on reconnait en tout jeune, comme Marc Douaire le soulignait, le pouvoir d’éducabilité.

VS : Le référentiel est un document positif qui a pris en compte le travail lors des synthèses académiques et interacadémiques. Il s’adresse à tous les niveaux du système. Il est là pour « mettre en perspective ce qui réussit en milieu populaire » (M. Bablet), donner des repères, sans être figé.
Le référentiel décline bien les deux dimensions : pédagogique, avec une remise en cause des pratiques professionnelles et une explicitation des enjeux et objectifs des apprentissages ; et éducative avec la place des parents.
Le dispositif « plus de maîtres que de classe » me semble très intéressant, surtout si on le fait fonctionner en liaison GS/CP. C’est ce à quoi nous travaillons sur le RRS Terres Rouges d’Epernay en nous centrant sur les compétences orales.
Une question se pose cependant : un référentiel mais avec quel socle commun? On sait bien que l’actuel socle est diversement présent dans la pratique, notamment au collège qui garde précieusement son système de notation.