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I have a dream…

Université Gandhi, quelque part en France. Module hebdomadaire de FP (formation professionnelle). Salle multimédia banale (la moquette vient cependant d’être changée). Une vingtaine de professeurs des écoles, réunis dans le cadre de leur QTF (quart-temps formation), s’activent en petits groupes.

Trois enseignants apprennent à se servir du tout nouveau simulateur de fonctionnement cognitif… Un groupe rédige l’analyse a priori de la prochaine séance de philosophie en CE2… Une équipe d’école prépare la rencontre mensuelle avec les parents, suite à la dernière circulaire du ministère de la Formation continue des familles… Un couple poursuit ses recherches documentaires sur les aspects positifs de la colonisation disciplinaire dans l’enseignement du second degré… Quatre jeunes titulaires réfléchissent aux critères d’évaluation de la compétence « optimiser son attention en classe »… Et l’habituel GEASV (groupe d’entraînement à l’analyse de situations vécues) discute ferme, sous la houlette du formateur présent.

Puis celui-ci, qui a bénéficié d’une formation longue au célèbre IUEM (Institut universitaire Edgar Morin), déroule, à la demande du groupe, un topo magistral sur la didactique de l’enseignement de la pensée complexe…

Mais revenons sur Terre. Que peut-on espérer, dans le contexte actuel, comme évolution de la formation des enseignants ? La formation dite initiale, parfois injustement décriée, mais qui avait réussi tant bien que mal à articuler les « savoirs savants », les didactiques, et les autres volets professionnels, vit une fin de règne un peu triste… Les nouveaux masters universitaires sont en train de se construire dans la précipitation (seront-ils au moins évalués après un ou deux ans de fonctionnement ?), les étudiants qui se destinent à l’enseignement (heureusement qu’ils sont encore nombreux !) se cherchent un chemin dans le brouillard, et la formation continue se cherche toujours elle-même…

Peut-être le plus important est-il de considérer, et de faire considérer, que la formation (au sens de « se former ») fait réellement partie du métier ? En sachant qu’elle ne se réduit pas aux participations à des conférences ou à des stages, mais qu’elle comprend aussi les lectures (au sens large : n’oublions pas Internet !), l’écriture (d’articles pour les Cahiers pédagogiques, par exemple !), l’analyse réflexive de sa pratique, l’implication dans des « recherches-actions », et (surtout ?) la coformation, le travail en équipes, « sur le terrain »… À ce propos, ne serait-il pas nécessaire de regarder davantage les établissements scolaires comme des lieux de formation ?

Peut-être est-il tout aussi important qu’on cesse de croire, et de faire croire, qu’il suffit de bien expliquer pour que l’autre comprenne, et qu’il suffit de maîtriser son sujet pour bien l’expliquer, et le « transmettre »… Idées fausses qui irriguent l’enseignement, bien sûr, mais aussi la formation !