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Faire réussir les élèves en français de l’école au collège. Des pratiques en grammaire, conjugaison, orthographe, production d’écrits.

Cet ouvrage propose des pratiques pédagogiques (en grande partie inspirées des travaux du GFEN) et des séances menées en classe par des enseignants. Précision importante d’emblée, car la description minutieuse de ces séances est un des atouts du livre, elle permet de « voir comment faire » et de s’approprier la démarche. S ‘approprier ? Oui, car ces descriptions ne seraient rien sans les analyses qui les accompagnent et qui motivent les choix pédagogiques. La solidité d’un discours pédagogique se mesure bien à cet aller-retour entre le « comment je fais » et « pourquoi je fais ce choix ».

L’ouvrage s’organise en deux grandes parties : les outils linguistiques (en grammaire, conjugaison ou orthographe) ; les situations d’écriture qui permettent aux élèves de mettre en oeuvre leurs connaissances pour mieux maîtriser ces outils.
Que l’apprentissage soit celui de normes comme celles de la ponctuation ou que l’on soit dans un moment de créativité poétique, l’objectif est de former des élèves réflexifs. Un objectif pris au sérieux dans la première grande partie consacrée à la grammaire, à l’orthographe, à la conjugaison, et qui commence par de vraies interrogations sur le pourquoi de la grammaire, étant donné que « nombreux sont ceux qui pratiquent très bien la langue sans avoir explicitement formalisé les savoirs grammaticaux ». Eh oui, de salutaires rappels ponctuent cette réflexion, qui ne se veut ni obéissante (aux nouvelles instructions) ni stérilement réfractaire. Alors, enseignable, la grammaire ? Oui, mais comment ? Cette première partie s’attaque avec courage à des questions pas commodes comme les classes de mots ou la notion de phrase. Chemin faisant, on pourra discuter telle ou telle approche, mais toutes font d’abord le pari de l’intelligence.
Du côté de l’écriture, beaucoup de choses ont été publiées ces dernières années, les pratiques « actives » sont sans doute davantage répandues. Comme les autres propositions du livre, elles ont le mérite d’être ici, pour la plupart, exposées sous la forme de récits de pratiques, avec réactions d’élèves, obstacles rencontrés, analyses. Et surtout, sans laisser croire qu’il suffit de faire pour apprendre. Un chapitre s’intitule justement « produire sans conscience ne suffit pas pour savoir »…

Le titre, qui inclut le collège, est un peu excessif ; non qu’on ne puisse pas largement s’inspirer de ces pratiques pour les transposer (et certaines démarches sont explicitement conçues pour les plus grands). Mais les difficultés pédagogiques et obstacles cognitifs qu’on rencontre au collège ou au lycée sont parfois d’un autre ordre. Cette réserve faite, on a là un ouvrage très riche à discuter et travailler en équipe, car tout dans ces pages invite à « s’y mettre », à s’emparer de ces propositions, à faire frétiller les neurones des enseignants comme des élèves.

Florence Castincaud