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Etre CPE aujourd’hui

Au moment où est en débat la réécriture de la circulaire de 1982 qui définit les missions du CPE (conseiller principal d’éducation), cet ouvrage des éditions du SNES permet de découvrir la diversité des fonctions et de faire le point sur l’identité de ce personnel éducatif incontournable dans tout établissement du second degré en France.

Les auteurs ont pris soin dans une première partie de rappeler l’évolution du statut du CPE. De la position de surveillant général à celle de conseiller d’éducation, ce bref historique nous montre comment cette profession est directement liée à l’évolution sociale, économique et politique de la France. Après de nombreuses luttes pour la reconnaissance de leur statut dans les années soixante-dix, les années quatre-vingt ont vu l’émergence, grâce à la circulaire de 1982, d’un métier en rupture totale avec celui de « surgé ». La vie scolaire se voit alors reconnue comme un service à part entière dans l’établissement et la complémentarité CPE/enseignants se fait plus évidente. Les années quatre-vingt-dix amorcent l’entrée « en pédagogie » des CPE : formation initiale identique à celle des professeurs, concours assimilé au CAPES.

Les CPE sont donc confrontés à des situations de plus en plus difficiles : violences, exclusion, consumérisme scolaire et absentéisme. Face à ces phénomènes, ils ont dû participer et organiser des actions nécessaires à la paix scolaire : apprentissage de la citoyenneté, mises en place d’instances de représentativité des élèves et participation démocratique de tous à la vie de l’établissement.

Cette première partie s’achève par la question (cruciale !) de l’avenir de cette profession qui a réussi à s’imposer comme une médiation permanente entre les élèves, les enseignants et les parents. Pourtant des ambivalences persistent :
– Action coercitive menée de front avec une action éducative.
– Membre de l’équipe d’encadrement ou de l’équipe enseignante ?
– Limite des lieux d’action du CPE entre la classe et la cour.
– Absence d’histoire et de culture spécifique…

La deuxième partie nous propose, outre une interview de Robert Ballion sur les mouvements lycéens de 1998 et sur le métier de CPE, une réflexion sur le concept de médiation. À partir d’exemples concrets en collège et en lycée, les auteurs nous invitent à réfléchir sur l’éducation à la citoyenneté, sur l’heure de vie de classe et sur la relation famille/CPE. Ce dernier thème permet de préciser la spécificité de la relation entre les élèves et le CPE puisqu’il met l’accent sur la connaissance individuelle et sur la proximité du CPE vis-à-vis de l’élève.

Une troisième partie est consacrée aux modalités de formation des CPE : concours, recrutement et formation en IUFM.

Enfin, une enquête réalisée par le SNES auprès des CPE vient clore ce livre. Elle permet d’aborder des sujets tels que : l’identité actuelle du métier, les pratiques professionnelles et les évolutions souhaitées.

Ce livre, loin d’être exhaustif, a le mérite de présenter clairement le métier des CPE et les diverses facettes de leurs missions. On espère donc qu’il sera lu par le plus grand nombre afin que l’identité des CPE souvent qualifiée de « floue » devienne mieux reconnue et légitimée.

Anouk Pantanella