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Entretiens sur l’enseignement de la philosophie

Les idées de F. Dagognet sont loin d’être révolutionnaires. Dans ce livre d’entretiens avec J.-L. Muracciole, où il fait le point sur ses idées pédagogiques, il reprend les idées classiques de la liberté totale de l’enseignant de philosophie, d’une même base de programme pour tous les élèves, à partir de notions, du primat en classe du cours magistral, de la dissertation comme fondamental de la discipline. Il ne parle jamais de débats en classe, maintient la philosophie en terminale (avec un zeste en 1re), considère la philosophie comme une matière scolaire à part, se déclare antipédagogue, etc.
Et pourtant certains propos sont (d)étonnants, pour celui qui a longtemps présidé l’agrégation de philosophie. Il a coanimé avec le doyen de l’inspection générale une commission des programmes aux propositions classiques, mais il révèle qu’il était en désaccord avec ses propositions ! Il faut tout changer dit-il dans l’école : et de proposer la suppression de l’étude des grands textes philosophiques (trop difficile, trop tôt), et l’étude de texte au baccalauréat (« L’histoire de la philosophie est la mort de la philosophie ») ; de préférer pour le programme le souvenir à la mémoire, la vitesse au temps, l’Europe à la Nation. Il se dit matériologue plus que matérialiste, commence son programme par la sensation, suivie de la sexualité et de l’image. Il introduit dans les notions les objets et le sport. « Un philosophe sert à penser les problèmes de son temps » : il ne dédaigne donc pas l’actualité, accorde une importance toute particulière à la bioéthique (le médecin qu’il est se sent ici très concerné !). Et s’il est réservé sur les cafés philo, il apprécie le genre des conférences-débats de M. Onfray dans son université populaire.

Il y a dans l’ouvrage une liberté de ton stimulante : n’a-t-il pas préfacé avec une sympathie étonnée, comme pour se provoquer lui-même, l’ouvrage d’A. Lalanne Faire de la philosophie à l’école élémentaire (ESF, 2002) ?

Michel Tozzi