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Entre l’enfant et l’élève, l’écriture de soi – Produire, cheminer, penser, exister dans un atelier d’écriture

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Ce n’est pas rien d’écrire de « coucher sur le papier » comme on dit, cinq années d’une pratique fragile et peu référencée professionnellement ». Non, ce n’est pas rien et c’est cependant ce qu’a tout à fait réussi Marie-Florence Artaux. Avec beaucoup de force et d’émotion, avec simplicité et justesse, elle nous dit ces « cinq années d’une pratique d’écriture avec des adolescents en quête de liens, de mots, d’histoire et de légèreté », avec des adolescents scolarisés dans l’éducation spécialisée (IMER) qui venaient, une fois par semaine par petits groupes de quatre à six, sur le temps scolaire, écrire des textes avec elle.

Dans ce qui était à l’origine un travail universitaire de recherche, par une écriture très personnelle, Marie-Florence Artaux livre sa pratique au plus près. Elle nous offre nombre d’idées (son livre est une mine), d’essais, de tentatives ; elle n’hésite pas à dire ses pannes, ses failles et ses interrogations comme ses réussites et ses certitudes. Ses consignes, ses propositions d’écriture ne sont jamais abstraites mais toujours liées à des individus incarnés dans des histoires, dans des relations, dans des situations. Elle nous parle beaucoup de ses élèves, nous donne à lire leurs textes (plus ou moins aboutis), leurs brouillons, leurs démarches, leurs hésitations.

Son travail s’ancre dans la certitude que « l’écriture est un outil pour inventer et pour penser son rapport au monde ». Aux essentielles questions de ces jeunes « qui suis-je ? Ce que je dis peut-il être accueilli comme valeur ? », elle répond, par sa pratique d’accompagnement à l’écriture : « je te reconnais, toi à la parole défaillante, à la parole pas encore assez distancée, je te reconnais capable de me donner une parole qui va vraiment me toucher ». Sa pratique n’est pas pour autant thérapeutique, « entre pédagogie et thérapie, le travail d’écriture transgresse ces deux espaces, se situe à la croisée des deux ». Pour elle, « l’écriture est avant tout un outil de formation de soi, un outil pour s’approprier les expériences faites. Le texte n’en constitue qu’un moment », l’enjeu est avant tout identitaire.

Ainsi sa pratique qu’elle ancre au carrefour de différents champs professionnels et théoriques, qu’elle affirme contre la dérive psychologisante et la dérive esthétisante, se situe également au confluent de ses propres dimensions personnelles et professionnelles. C’est peut-être aussi cette incarnation qui, faisant écho à nous-même, nous touche dans ce livre.

Françoise Carraud


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