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Enseignant : un métier à réinventer – Former les citoyens de demain

On doit peut-être aux normes de la collection les deux dernières pages du livre de JMZ. Qu’importe, car ce sont par ces pages qu’il faut commencer la lecture et sûrement pas pour s’en dispenser puisqu’on aurait lu l’essentiel.
Il est écrit « Si je devais changer l’école, dix pistes d’action, qui pourraient se traduire plus ou moins rapidement en mesures concrètes :
– Modifier les concours de recrutement des enseignants, en introduisant la dimension professionnelle.
– Accroître la formation continue en la valorisant, y compris sur le plan de la carrière ; donner comme objectif premier à cette formation celui de permettre à chacun de réfléchir sur son métier et d’échanger avec les autres.
– Renforcer l’éducation prioritaire, en donnant des moyens concentrés en rapport avec des projets et des objectifs précis.
– Augmenter dans les collèges la part des « études » par rapport au cours, ce qui implique aussi de définir différemment le service des enseignants (introduction du tutorat, de l’aide, et de la nécessaire concertation).
– Valoriser les dispositifs interdisciplinaires et leur donner une place importante dans l’évaluation des élèves.
– Donner une marge d’autonomie plus grande aux établissements (gestion des moyens par exemple), mais avec en contrepartie un véritable pilotage et un contrôle a posteriori.
– Renforcer le pouvoir du Conseil national des programmes qui doit continuer à adapter ceux-ci aux exigences de notre temps.
– Soutenir les initiatives innovantes, même si celles-ci doivent aussi être pilotées et évaluées (mais pas trop vite).
– Développer dans l’école les formes démocratiques, pour mieux permettre un respect des règles par tous.
– Revoir les hiérarchies entre disciplines ; donner un rôle bien plus important à la technique.
À peine une page pour donner des idées simples, précises et concrètes comme l’on dit, à un député ou à un ministre ! enfin, là n’est pas le propos.
Le livre est composé de trois parties : « Mon itinéraire personnel », « J’enseigne : est-ce qu’ils apprennent ? », « Propositions pour une école plus efficace ». Pour les lecteurs habitués au travail et aux idées de Jean-Michel Zakhartchouk, ils retrouveront dans les deux dernières parties un condensé de sa triple expérience : enseignant de français dans un collège ZEP depuis des années (il rapporte nombre de façons de faire avec ses classes et ses élèves), formateur en IUFM, infatigable militant de l ‘école nouvelle avec et autour des Cahiers pédagogiques. Mais c’est dans la première partie que l’on voit se construire et évoluer une personnalité intellectuelle et citoyenne capable de se souvenir de son ennui à l’école et de ses progressives découvertes.
« Les enseignants les plus consciencieux et dynamiques sont d’ailleurs souvent les plus modestes : j’essaie d’être l’un et l’autre» (pages 109 et 110). Le Monde de l’éducation, qui lui a consacré une double page dans sa livraison de novembre avait déjà remarqué la force d’une conviction, le souci d’une exigence et une modestie exceptionnelle, comme en témoignent les choix de vie (refus de passer le concours d’agrégation, souhait de rester travailler en ZEP). Le magazine l’a appelé « la vigie », et lui-même a écrit un précédent ouvrage Enseignant, un passeur culturel (ESF éditeur). Deux mots ou expressions peu communs dans le monde de l’école. Deux mots pour lui, pour rendre compte de son travail, de ses réflexions et de son action.

Jacky Beillerot

PS. Le précédent ouvrage de JMZ n’a pas été édité à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), mais à l’Institut national de recherche pédagogique (INRP) (page 3). Décidément le « zéro défaut » n’existe pas !