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Engagez-vous, rengagez-vous ?

Le Cnesco (Conseil national de l’évaluation du système éducatif) a mené récemment une enquête sur le bénévolat des lycéens, qui montre une hausse du bénévolat associatif d’un tiers en six ans chez les 15-35 ans, mais aussi une tendance au repli sur des actions locales ou ponctuelles : pétitions, boycotts, manifestations. Nous voici face au mouvement lycéen de décembre. Un tel mouvement, est-ce de l’« engagement » ? Les lycéens d’aujourd’hui sont-ils « engagés » ? Faut-il d’ailleurs qu’ils le soient ?

À cette dernière question, je réponds résolument : oui. Du moins, cela me semble très souhaitable, et, de fait, l’engagement entre dans le domaine 3 du socle commun, « La formation de la personne et du citoyen ». On notera toutefois la difficulté pour les élèves de répondre à l’injonction de s’engager, ce qui ne va guère sans prendre la parole, alors que durant leur scolarité on leur demande surtout de se taire.

Je ne crois pas m’avancer trop en écrivant que ce qui a caractérisé cette mobilisation a été la violence : blocages à grand renfort de feux de poubelles, arrosage de gaz lacrymogène sans distinction entre lycéens bloqueurs ou bloqués et, bien sûr, cette impressionnante vidéo de jeunes de Mantes-la-Jolie agenouillés, mains sur la tête et face à un mur, produisant un écho lointain à des photos ou vidéos plus sinistres. Des images qui rendent invisibles d’autres réalités plus insaisissables, des tentatives et des apprentissages de la prise de parole. Mais où sont les bonnes vieilles AG (assemblées générales) lycéennes d’antan ?

Cette question n’est pas pure déploration, mais vise à nous interpeler, nous adultes éducateurs, sur notre capacité à accueillir la parole des jeunes, à les aider à la construire et à développer leur esprit critique face aux modes d’action envisagés, face aux arguments des uns et des autres, face aux réformes. C’est indispensable si, effectivement, l’enjeu est de les préparer à leur vie citoyenne.

Encore plus d’engagement en faveur de la démocratie et de la jeunesse, voilà une bonne résolution possible pour la nouvelle année. C’est en tout cas tout le mal que je vous souhaite !