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Encourageant

Trente participants profs et parents… et le député du coin. Un débat courtois, attentif et approfondi. Je n’ai entendu de mes (anciens) collègues aucun propos désabusé mais un désir de donner du sens au métier d’enseignant et aux apprentissages des élèves. Les parents nous ont interpellés avec à-propos et impertinence. À noter que les adversaires des TPE n’ont pas contesté que cette forme de travail décloisonné permet de former à l’autonomie ni qu’elle donne aux élèves l’occasion de développer une problématique personnelle et ouverte. Leur argument a été de dire qu’ils n’avaient vu aucun changement d’attitude de la part des élèves par rapport aux cours « normaux » ni aucun transfert de compétence dans les matières « traditionnelles ». Ce à quoi les partisans des TPE leur ont demandé si les professeurs eux-mêmes avaient essayé de changer quelque chose à leur manière d’enseigner, et si les quelques bribes de temps accordées aux TPE étaient suffisantes pour changer profondément les rapports au savoir. Sur ce, tout le monde a convenu que non seulement il faudrait accorder davantage de temps et de moyens aux TPE mais qu’il ne faudrait pas que les élèves ne découvrent cette forme de travail qu’en classe de 1re. Autrement dit : il serait nécessaire pour la cohérence de ce type d’enseignement que les IDD soient développés et renforcés au collège… Dans la foulée, il faudrait changer profondément le bac pour accorder plus d’importance à l’évaluation des compétences grâce à des épreuves d’expérimentation et de mise en situation complexe (comme cela se fait dans certaines matières scientifiques) et grâce à la réalisation de dossiers au cours de l’année. Cela nous a entraînés à reconnaître unanimement la tyrannie des notes qui norment à l’excès et qui déterminent la formation à partir de l’aval. Comme quoi, ceux que je croyais arrêtés dans une opposition radicale et intransigeante ont montré qu’ils n’étaient pas prêts à revenir trop loin en arrière et que, pour peu qu’une réforme mette en œuvre des choses qui donnent du sens à l’enseignement, ils peuvent le reconnaître même si c’est de manière critique et avec quelques réticences de principe. Ceci dit, les durs de durs (FO) n’étaient pas là. Mais les collègues présents me semblaient assez bien représenter un panel d’enseignants progressistes et modérés et même « conservateurs sincères »… Ceci m’a semblé encourageant.

Pierre Madiot