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EPI « Passerelle »

Au collège Pilâtre-de-Rozier, ce ne sont pas les projets qui manquent : classes de 6e sans notes, projet Erasmus avec la Suède, atelier MATh. en. JEANS, projets transdisciplinaires autour de la cathédrale de Metz ou du centenaire de la Première Guerre mondiale, etc. L’équipe enseignante est dynamique et stable, de nombreux collègues ont plaisir à travailler ensemble. L’équipe de direction est toujours à l’écoute et apporte le soutien nécessaire au bon déroulement de tous les projets.

Tester les nouveaux programmes

Forts de ces conditions très favorables, au printemps 2015, les professeurs de physique-chimie, technologie et arts plastiques demandent au chef d’établissement et aux corps d’inspection l’autorisation de tester les nouveaux programmes dès la rentrée 2015. En effet, à la lecture du premier projet de programmes, avant l’annonce des EPI, nous avons remarqué que les programmes curriculaires de technologie et de physique-chimie étaient découpés de la même manière, en trois grandes parties. Cela semblait particulièrement propice à la mise en place d’un enseignement concerté.

Notre collège est constitué de quatre bâtiments distincts. Au cours de la journée, les élèves sont amenés à monter et à descendre de nombreux escaliers, les bousculades sont parfois dangereuses, ils perdent du temps, et surtout, notre collège n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite. Après la loi du 11 février 2015, il va falloir réfléchir à la mise en conformité de notre établissement !

Des passerelles entre les disciplines

Depuis plusieurs années, un des deux professeurs de technologie du collège pense à la construction d’une passerelle entre les deux bâtiments pédagogiques. Le fil rouge, support de l’enseignement de technologie et de physique-chimie, devra donc amener les élèves à optimiser l’architecture de leur collège. Au mois de juin 2015, nous commençons à repérer dans les projets de programmes les notions qui pourront être traitées en classe de 5e. C’est un des aspects positifs de ces programmes curriculaires, les notions peuvent être abordées dans l’ordre souhaité en fonction des projets mis en place.

Très rapidement, la collègue d’arts plastiques intègre le projet : l’architecture, la lumière, le passage, etc. font partie des notions qu’elle aborde en classe de 5e, ça tombe bien ! Les trois disciplines vont pouvoir apporter aux élèves les connaissances et les capacités nécessaires à la réalisation d’une maquette.

L’opportunité des EPI

Un nouveau texte définissant plus précisément la réforme du collège est publié au mois de septembre, nous y découvrons alors que des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) devront être proposés aux élèves au cours du cycle 4. Ces EPI sont classés suivants huit thèmes et les élèves devront, à la fin du cycle 4, avoir travaillé sur au moins six thèmes. Ces thèmes sont assez larges, notre projet peut convenir à trois d’entre d’eux : culture et création artistique, transition écologique et développement durable, sciences, technologies et société.

Malgré les changements dans la nouvelle version des programmes (nous ne retrouvons plus les mêmes parties dans les programmes de technologie et de physique-chimie), nous sommes convaincus d’être dans la bonne direction et dans l’esprit de cette réforme. Nous essayons de contextualiser encore plus nos activités, d’anticiper les questions que les élèves vont se poser et de faire en sorte qu’ils trouvent eux-mêmes les réponses grâce aux travaux de groupe.

Une étudiante de l’Ensan (École nationale supérieure d’architecture de Nancy) intervient pendant vingt heures sur deux classes pour les croquis, les prises de vue et la réalisation de maquettes artistiques permettant de répondre à une première recherche de solutions. Parallèlement, les élèves utilisent le logiciel Google Sketchup pour modéliser les deux bâtiments du collège.

Ce projet est ambitieux, et, contrairement à ce qui est préconisé dans les textes officiels au sujet des EPI, il est mené pendant une bonne partie de l’année scolaire. Les élèves ne s’en plaignent pas et nous avons remarqué une forte implication et motivation pour les activités proposées. Ils ont un objectif concret à atteindre et ils comprennent mieux les notions travaillées.

la concertation puis l’organisation

Du côté des enseignants, le travail de concertation a été important en amont (mais cela nous a permis d’optimiser notre temps de présence au collège au mois de juillet, alors que le collège est presque vide !). Ce travail reste important durant l’année, car il faut repenser toutes les activités pour les mettre en lien avec le projet. Nous avons également imaginé une évaluation commune en physique et technologie, afin de rester dans l’esprit interdisciplinaire du projet. En trame de fond, nous ne perdons pas de vue les trois parcours dans lesquels s’inscrit le projet : le parcours d’éducation artistique et culturelle, le parcours citoyen et le parcours avenir.

La plus-value de ce type de projet est évidente : nous prenons le temps de discuter, de prendre connaissance des notions enseignées par nos collègues et de créer du lien entre nos disciplines. Cependant, on peut se poser la question de la mise en place et de la réussite de ce type de projet au sein d’un établissement qui serait organisé différemment. Comment faire lorsque les collègues partagent leur service sur deux, voire trois collèges ? Lorsque les demandes de mutations en fin d’année sont tellement importantes que la moitié de l’équipe enseignante est renouvelée chaque année ? Est-ce que ces projets d’EPI pourront réellement être mis en place dans ces établissements ? À quel prix ?

Valérie Oget
Professeure d’arts plastiques, collège Pilâtre-de-Rozier, académie de Nancy-Metz
Stéphane Dupré
Professeur de technologie, collège Pilâtre-de-Rozier, académie de Nancy-Metz
Gwenaelle Cuny
Professeure de physique-chimie, collège Pilâtre-de-Rozier, académie de Nancy-Metz
Olivier Loiodice
Professeur de physique-chimie, collège Pilâtre-de-Rozier, académie de Nancy-Metz