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Dis-moi comment tu évalues les TPE… et tout le reste

Les vicissitudes qu’a connues l’évaluation des TPE de première paraissent exemplaires à plus d’un titre.
On se rend compte en particulier qu’un dispositif pédagogique, quel qu’il soit, ne fonctionne que si le projet dont il est issu inclut une réflexion approfondie sur les modes et les procédures de son évaluation. Celle-ci ne peut intervenir comme un simple contrôle découlant plus ou moins naturellement des travaux situés en amont. Elle contient en réalité toute la complexité du travail qui précède au point qu’elle en détermine le déroulement.
Dans le cas des TPE, il faut avouer qu’à l’origine, beaucoup de flou a entouré la question de leur évaluation. Il semble en revanche que c’est lorsque les enseignants se sont emparés de la démarche qui devait aboutir à la soutenance d’un travail autonome – suivi par le moyen du carnet de bord – que les TPE ont commencé à fonctionner parce qu’il a fallu alors définir collectivement ce qu’on attendait des élèves dans une situation nouvelle de croisement de disciplines.
Il est évident qu’en amputant les TPE de leur année de terminale, un coup sévère leur a été porté. Il est apparu qu’en modifiant les règles de leur évaluation à l’issue de la classe de première, l’administration a eu l’intention de les vider définitivement de ce qui fait leur intérêt avant de les rayer du paysage pédagogique. Le bac ayant le pouvoir d’anesthésier le savoir, on a redisciplinarisé les TPE pour ramener dans le droit chemin une pédagogie qui remettait en cause une école occupée à transmettre des savoirs cloisonnés.
Maintenant, le défi du « socle commun » a été lancé… Il s’agira de déterminer quels savoirs et quelles compétences fondamentales l’école s’engage à faire acquérir à tous. Si l’on ne se préoccupe pas de savoir comment ces connaissances seront évaluées, on ne changera pas grand-chose à la façon dont elles sont enseignées.
Et l’on continuera à pousser les nouvelles générations d’écoliers et de collégiens vers un bac désespérant d’ennui et d’échec programmé.

Pierre Madiot