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Dins las piadas de Mirelha (sur les traces de Mireille)

Quelques impressions des participants à cette initiative :
– « Découvrir cette bergerie au milieu de la Crau fut quelque chose de magique, on s’attendait à voir venir à notre rencontre lou pastre Alàri […] qu’avié milo bestiari ».
– « Ces paysages lumineux, ces rochers blancs, ces falaises abruptes, j’avais l’impression en les voyant de retrouver des images familières », nous rapporta un autre voyageur. »
– « Mirèio reconnaîtrait-elle son immense Crau sauvage et pierreuse dans ce paysage de plus en plus envahi par les dunes blanchâtres des ordures de Marseille et de plus en plus limité par l’invasion humaine qui irrigue, fertilise et cultive chaque jour un peu plus la plaine de Crau ? »
– « À la vue de cette étendue désolée et pierreuse, balayée par le mistral et brûlée par le soleil, on peut comprendre et partager la souffrance de Mireille. »
– « Ce paysage désolé de la Crau lunaire et caillouteuse est balayé par un vent violent. Il siffle et rapporte à nos oreilles tous ces bruissements et discours d’insectes qui s’étonnent de notre présence en ces lieux. »
– « Ce mas que nous avons approché, avec ses beaux bâtiments rassemblés autour de la cour ombragée par des arbres séculaires, avec ce jardin gorgé d’eau, c’est bien là « lou mas di falabrego » de Mirèio et aussi le Mas du Juge qui vit naître et où vécut Frédéric Mistral. Une oasis dans un univers hostile. »
– « C’est donc cela le trou des fées que cette sinistre bouche obscure qui va nous conduire jusqu’au fond de la caverne de Taven la sorcière. Nous rentrons dans le royaume de la nuit, des fantômes et des esprits. »

Ces lieux réels renvoyaient certes à ceux rencontrés lors des lectures en cours mais ils semblaient eux aussi surgir du monde minéral pour prendre vie. Et ces roches aux formes fantastiques s’animaient dans la chaleur de l’après midi.

Ce voyage culturel et festif fut ponctué de lectures de l’épopée mistralienne, qui avait été étudiée, en cours, dans sa graphie originale et dans le dialecte provençal rhodanien parlé par Mistral. Cet exercice a permis de montrer à quel point notre langue est unique et plurielle.

En effet, l’espace de la langue d’oc est divisé en plusieurs régions où l’on parle des dialectes différents. L’apprentissage de la langue est un moyen de faire connaître et reconnaître ces diverses formes linguistiques, même si l’enseignant s’adapte à la forme de langue de la région où il est affecté. Ainsi, à l’université Paul Valéry est essentiellement enseigné le languedocien central. Cependant les étudiants sont initiés à d’autres formes de l’occitan, à travers l’étude des œuvres littéraires de l’ensemble d’oc dans leur forme linguistique d’origine mais aussi à travers des cours de dialectologie. Cette reconnaissance des diversités dialectales et graphiques s’accompagne ainsi d’une volonté de la reconnaissance de l’unicité de la culture d’oc.

L’enseignement et la transmission de la langue d’oc passent par la connaissance de la langue mais aussi par l’immersion dans la culture et le patrimoine culturel : les noms de villages, les noms de famille, les noms de rues, les expressions orales de la vie quotidienne, et aussi les écrivains et les contes oraux populaires. Aux portes de Montpellier, par exemple, se manifestent la vivace « fe di biou » et les traditions camarguaises qui sont des marques riches de la culture occitane en petite Camargue.

Florence, Marika, Olitiana, Valentin et Jean, étudiants en occitan (DEUG 1re année).