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Devenir formateur

Devenir formateur, c’est souvent, après des parcours personnels et professionnels divers, une reconnaissance institutionnelle. Et ce qui suit peut être un véritable parcours du combattant ! Il y a certes parfois le soutien d’une équipe, souvent de brèves formations de formateurs, mais le plus souvent, devenir formateur, c’est plonger dans le grand bassin sans être sûr de savoir nager.

Voici donc un petit livre qui pourra aider ceux qui débutent dans cette fonction de formateur et intéresser ceux qui l’exercent depuis quelque temps déjà, voire leur ouvrir de nouvelles pistes. Pourtant, il ne s’agit pas de recettes, dont les formateurs sont parfois demandeurs comme les autres ! Ce qui n’exclut pas quelques suggestions, plus spécialement dans la dernière contribution intitulée  » Repères et outils « . Il est plutôt question d’outils d’information et de guide réflexion :
– Information et clarification grâce aux brèves synthèses théoriques toujours claires, sur les théories de l’apprentissage par exemple, grâce aussi aux nombreuses références bibliographiques, souvent commentées.
– Réflexion, grâce aux mises en relation de ce qu’est l’élève (du professeur) et le stagiaire (du formateur). Points communs et différences sont étudiés selon des entrées variées : apprendre versus enseigner vs former ; faire classe vs animer un stage, etc. ; divers tableaux résumant les analyses satisferont les lecteurs les plus pressés.

Notons aussi le côté intellectuellement stimulant des pages étudiant la cohérence entre les référents théoriques que le formateur cherche à faire partager et ceux qu’il met en uvre au même moment. On trouvera également un recensement de pistes pour entrer dans l’analyse de pratiques, qui est le centre de nombreuses formations et semble incontournable même en dehors de celles que l’on qualifie de  » transversales « .

Dans cet ouvrage collectif, fondé sur une longue pratique d’une équipe de la MAFPEN de Montpellier, il y a une chose que j’ai appréciée plus particulièrement : les auteurs ne s’y posent jamais en donneurs de leçon. Si une notion est en débat, (par exemple au sujet des méthodes d’éducabilité cognitive), ils posent le problème mais n’imposent jamais un choix. L’un des chapitres se termine sur le sous-titre  » conclusions partielles  » et les auteurs n’oublient jamais qu’ils se situent dans un domaine qui est encore en train de se construire, que les savoirs de référence, jamais transposables tels quels, évoluent et sont plutôt des éclairages aidant le formateur à  » bricoler  » – et ce mot a un sens positif si ce bricolage se fait dans le cadre d’une déontologie fondée sur le respect des personnes et l’honnêteté intellectuelle.

Déontologie que pratiquent les auteurs, ce qui n’exclut pas un engagement fort du côté de la pédagogie et des pédagogues si décriés dans bien des best-sellers traitant de l’école et parus cet automne.

Élisabeth Bussienne