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Comité de parrainage

Le comité de parrainage des Cahiers pédagogiques, dont nous donnons la composition dans l’encadré à la fin de l’article, est de ceux-là. Il s’est réuni pour la première fois le 23 janvier 2004… En voici quelques échos.

Au-delà du plaisir bien réel à connaître, reconnaître et rencontrer nos amis pédagogiques nous avons d’abord cherché à définir quelque peu le sens et les fonctions de ce comité : réunion d’anciens des Cahiers, de l’éducation nouvelle ou de l’innovation pédagogique, de témoins des grandes ruptures historiques (celle entre la recherche et les praticiens par exemple) et, plus largement, réunion de ceux qui, s’intéressant aux Cahiers mais moins impliqués dans l’urgence de nos travaux, peuvent former un conseil stratégique.

Les Cahiers pédagogiques
Pour beaucoup, les Cahiers apparaissent bien comme un lieu de débats où les idées bougent. Il faut bien sûr s’adresser aux nouveaux enseignants et faire des Cahiers un élément de leur formation initiale et continue, mais il y a d’autres lecteurs potentiels et notamment ceux qui ne sont pas dans l’école mais s’y intéressent.
Nous devons bien saisir les enjeux de transmission des compétences pédagogiques à l’heure où les départs en retraite vont devenir massifs : que faut-il transmettre et comment les « anciens » pourraient-ils le faire ?
Il importe de s’adresser aux jeunes comme à des intellectuels, qu’on les aide à réfléchir sur leur métier tout en leur donnant aussi des repères, des outils didactiques et des éléments d’histoire des réussites pédagogiques. Quatre-vingts pour cent des nouveaux enseignants sont dans des zones difficiles, ils sont intéressés par les questions de l’autorité, de la discipline, des élèves en grande difficulté… Sans oublier de décrasser le vocabulaire : on fait semblant d’être d’accord sur les mots (pédagogie différenciée, méthodes actives…) et on ne dit pas assez ce qu’ils signifient exactement dans les pratiques de chacun.
L’entrée thématique des Cahiers est essentielle mais les thèmes sont presque tous des problèmes. Il serait intéressant d’envisager des questions qui ne débouchent pas forcément sur du concret (ex : l’analyse du travail), des thèmes qui auraient comme ambition de comprendre l’École et qui mobiliseraient d’autres domaines que celui de l’éducation au sens strict : la psychanalyse, l’ethnologie, l’anthropologie… De la pédagogie donc mais en explorant aussi l’ensemble des sciences humaines (c’est d’ailleurs l’enjeu de l’actuelle formation des enseignants : quelle place pour les sciences humaines à côté des aspects proprement disciplinaires) ; le tout sans oublier la dimension internationale.
Nous pourrions également choisir des entrées beaucoup plus pointues (ex : les enseignants vont-ils voir leurs élèves chez eux ?) ou renverser les problèmes : pourquoi ne pas travailler sur la récompense…
Et surtout, il faudrait travailler à susciter davantage de débat, que la réflexion et les échanges se poursuivent dans les numéros suivants, que la diversité ne soit pas gommée, que les thèmes ne soient pas fermés sur eux-mêmes.

Le débat sur l’École

Il a été aussi question, ce jour-là, du « débat sur l’École » : si, d’une manière générale, le débat a été critiqué comme une occasion manquée, le rôle des Cahiers pourrait être, à présent, de tenter de faire vivre cette émergence de discussion.
Sur l’organisation du débat, nous avons donc entendu beaucoup de critiques (que nous aurions pu davantage faire entendre dans notre revue) et un scepticisme sur une synthèse possible de tant de réunions. Philippe Perrenoud indique que, dans d’autres pays comme au Québec, on a pris plus de temps, il y a eu une montée en puissance, avec des états généraux aboutissant à des propositions de réforme émanant d’un processus long. Il serait intéressant d’aller y voir de plus près. L’illusion de démocratie directe, à travers notamment les forums du site ou la recherche de mots-clés parmi les multiples synthèses brèves se révélera peu productive.

Pourtant, il y avait bien un bilan à faire de la loi d’orientation. Jean-Pierre Obin note en particulier la place insuffisante qui était faite au problème de l’autorité et des incivilités. À cet égard, il regrette un peu la faiblesse de la proposition 7 [[Pour créer un climat propice aux apprentissages dans les établissements scolaires, et pour instaurer une autorité légitime, il faut développer tous les moyens qui ont été expérimentés et qui ont fait leur preuve : travail en équipe, structures de médiation, instances de concertation et de démocratie… Invoquer le retour à l’ordre et à la discipline est simplificateur et dangereux.]] parmi les dix propositions du CRAP-Cahiers pédagogiques avec lesquelles pour l’essentiel, il est pleinement d’accord. On ne peut se contenter de stigmatiser le discours de « rétablissement de l’autorité », car un vrai problème est posé, problème qui était absent de la loi 1989 (comme celui de l’intégration et de la laïcité). À travers les réunions de débat il est apparu une grande demande sociale concernant les questions de la violence, mais aussi celles des difficultés scolaires en général. Il nous faut travailler sur la nécessaire conciliation entre liberté et autorité [[Notons que le CRAP va organiser en octobre prochain un colloque sur le sujet de l’autorité et qu’un dossier des Cahiers pédagogiques est prévu à la rentrée sur le thème.]]. Jean-Pierre Obin remarque cependant la faible participation au débat en dehors des enseignants et des parents élus, alors même que l’école est au centre des préoccupations de beaucoup de Français.
Pour Guy Berger, qui est resté sur sa faim avec nos « dix propositions », il ne faut pas être seulement défensif. Il aurait fallu réaffirmer qu’un vrai débat, c’est autre chose que ce sondage grandeur nature [[Les Cahiers pédagogiques l’ont pourtant fait, notamment à travers les billets du mois de octobre et décembre 2003, mais peut-être faut-il le réaffirmer plus fermement…]].
Francine Best aimerait que les Cahiers pédagogiques déclinent leurs dix propositions à travers de futurs numéros thématiques où elles seraient développées. Beaucoup de choses ont été dites sur l’école qui ne sont guère prises en compte dans les débats locaux. Les dix propositions ont le mérite d’une cohérence d’ensemble.
André de Péretti rappelle toutes les consultations qui ont déjà eu lieu sur l’École (Legrand, Prost, Bourdieu, Meirieu sur les lycées…) et l’inscription du débat actuel dans une grande continuité. En 1902, lorsqu’il a été discuté de la suppression du latin obligatoire au bac, les conflits ont été d’une extrême violence. La question reste toujours de lutter contre une pensée fermée, absolue. Comment « ouvrir », faire le choix de la pluralité, de la souplesse et refuser les retours en arrière (abandon du collège unique). Il insiste sur les besoins en formation qui sont immenses. La nouvelle loi, si elle innove, devra forcément s’accompagner de formation, sinon, c’est du vent !
François Galichet, quant à lui, insiste sur la nécessité de défendre fermement certaines innovations qui ont dépassé le stade de la marginalité, comme les IDD et les TPE.
L’ensemble de ces propos témoigne d’une réunion chaleureuse et dense, d’un riche moment d’échange où ont été évoquées de nombreuses pistes de travail, pistes à approfondir, à explorer et même à défricher.
Nous remercions vivement tous nos amis qui ont pu se libérer ce jour-là et sont venus parfois de loin, nous avons aussi une pensée amicale pour tous les absents que nous espérons vivement retrouver la prochaine fois.

Françoise Carraud et Jean-Michel Zakhartchouk

Le comité de parrainage des Cahiers pédagogiques

Jacques André, Jean-Pierre Astolfi, Jacky Beillerot, Guy Berger, Francine Best, Françoise Clerc, Bernard Defrance, André de Péretti, Cécile Delannoy, Michel Develay, Anne-Marie Drouin, François Galichet, André Giordan, Daniel Hameline,
Violaine Houdart, Philippe Lecarme, Lucien Martin, Philippe Meirieu, Edgar Morin, Jean-Pierre Obin, Philippe Perrenoud, Antoine Prost, Jean-Yves Rochex, François Simon.