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Citoyennons !

Mise en place de l’enseignement moral et civique (EMC), nouveau socle commun, attentats, abstention record, etc., les motifs de réflexion autour de l’éducation à la citoyenneté n’ont pas manqué ces derniers mois. Ces préoccupations ne sont pas exclusivement hexagonales si on se réfère aux contributions reçues du ­Québec, de Suisse, de Belgique, du Brésil même.

Mais de quoi parlent exactement les politiques, commentateurs, éducateurs ? Difficile de s’y retrouver parfois tant le concept de citoyenneté est utilisé derrière des perceptions bien diverses, voire contradictoires. Les nombreuses propositions de contributions reçues pour ce dossier n’ont fait que confirmer ce constat. La frontière entre civilité, civisme, morale, citoyenneté est souvent très floue.

D’ailleurs, dans un premier temps, la plupart des articles reçus se concentraient sur l’enseignement moral et civique. Il faut dire que le ministère de l’Éducation nationale a largement communiqué sur l’EMC et a érigé cette « non-discipline » en remède miracle aux ruptures constatées sur le terrain entre les jeunes et une société qui les voudrait plus citoyens tout en stigmatisant leurs errements.

Nous avons donc choisi de mettre l’accent sur les deux composantes de l’apprentissage de la citoyenneté qui nous ont semblé être vraiment reliées à ce concept.

Éduquer à la citoyenneté, c’est avant tout apprendre à agir, à s’engager. Aussi, une première série de contributions vient illustrer l’expression de François Audigier « c’est en citoyennant qu’on devient citoyen ».

Imbriquée dans ces composantes, la deuxième partie s’attache au rôle spécifique ou non des disciplines scolaires.

Agir comme citoyen se fait dans un cadre, celui de valeurs partagées. Éduquer à la citoyenneté, c’est donc aussi apprendre à respecter ces valeurs certes, mais surtout à les faire vivre. Le dernier volet de ce dossier est donc consacré à cette éducation à la « mitoyenneté », pour reprendre l’expression de Sylvain Connac, ou à la « concitoyenneté », pour reprendre celle de Laureline Lemoine.

Nous sommes convaincus que la citoyenneté ne se décrète pas. Il ne suffit pas d’attribuer une demi-heure ou une heure d’un enseignement dédié (qu’on l’appelle EMC ou pas) pour que les élèves se mettent à « citoyenner ». En réalité, ce sont les élèves eux-mêmes qui doivent (et qui vont) construire leur citoyenneté. Les adultes sont là pour les écouter, les guider, les amener à réfléchir. Nous devons donner aux enfants la possibilité d’une expression citoyenne. Il existe déjà de nombreuses instances collégiennes, lycéennes qui devraient favoriser l’engagement des élèves. Pourtant, il suffit d’assister à un conseil de classe pour voir à quel point la parole de l’élève n’est pas prise en compte.

Au travers de ce dossier, ce ne sont pas des solutions miracles que nous avons cherchées. Nous avons voulu donner la parole à des femmes et des hommes qui prennent des initiatives, qui tentent, de la maternelle à la formation des enseignants. Des personnes passionnées qui, dans leur pratique quotidienne ou dans le cadre d’expériences diverses, forment et éduquent le futur citoyen.