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Changement prioritaire ?

Dans tous les réseaux « prioritaires » de France, les enseignants ont été consultés lors d’une demi journée banalisée pour l’occasion. Moment rare d’échanges entre enseignants de la maternelle au lycée, avec toute la difficulté de synthèse résultant d’idées riches mais parfois contradictoires que cela représente.
Les premières pistes de travail devraient être connues en janvier et les premières mesures appliquées à partir de la prochaine rentrée scolaire.
Faire du lien avec la politique de la ville, revoir la carte de l’éducation prioritaire qui a fini par concerner 20 % des élèves, étudier la possibilité de plus de mixité sociale, autant de sujets importants à traiter.

Côté enseignants, la question d’une décharge horaire est évoquée. Idée intéressante et louable. Mais pour quoi faire ? Autant le dire tout de suite, s’il s’agit simplement de donner une heure de décharge, ça ne sera en rien une mesure pédagogique. Tout juste un « cadeau » qui risque fort de se transformer en heure supplémentaire pour beaucoup. En revanche, si la décharge est pensée en termes de missions, de concertations, de travail en équipe, de possibilité de mener des projets, alors pourquoi pas ?
Si on peut aussi se poser la question de cette décharge dans le premier degré, le sujet mérite d’être étudié de manière plus globale. Si l’idée, dans ce qui doit être une refondation, est de donner une ou deux heures de décharge aux enseignants d’éducation prioritaire, cela signifiera probablement qu’un virage a été loupé.
Cela ressemblerait davantage à un toilettage qui enterrerait par la même la possibilité de vraiment réformer la scolarité, en particulier le collège. Car le problème dépasse très largement l’éducation prioritaire. Le service et les missions des enseignants doivent être pris en compte de manière globale dans tous les établissements de France. L’organisation du temps des élèves en collège mérite d’être véritablement refondée en tenant compte des expériences qui fonctionnent, Clisthène en tête.
Or, mettre sur la table, en premier lieu, l’éducation prioritaire et graver dans le marbre l’état de service actuel, en y intégrant une simple décharge, ne laisserait que peu d’optimisme et de marge de manœuvre pour la refondation en général.

Il faudra surveiller de près les conclusions de ces assises et les premières mesures mises en application, elles pourraient bien donner le ton de ce qui suivra. Si certains réseaux sur le territoire méritent des attentions et des moyens particuliers, c’est la refondation pédagogique dans son ensemble qui est prioritaire.