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Chacun à sa place

Au salon de l’éducation, un des grands débats : celui sur le nouveau collège, le 25 novembre. Pourquoi y assiste-t-on ? Qu’en tire-t-on vraiment ? Vaste interrogation sur ce genre de débats en général Y va-t-on pour un  » spectacle « , pour une sorte de cérémonie dont on est forcément plus ou moins friand, pour écouter se brasser à nouveau quelques idées que l’on connaît plus ou moins, glaner quelques informations, retrouver le plaisir de l’oral qu’aucun écrit ne remplace ? Un peu tout cela.

On peut aussi adopter le point de vue de Sirius ou de Saint-Simon ou de La Bruyère et remarquer bien sûr que chacun tient sa place et a tenu le rôle qu’on pouvait attendre de lui. Jugez-en plutôt.

Pour l’ancien conseiller du prince – Louis Legrand – libre de paroles aujourd’hui, il s’agit d’exprimer les regrets du temps perdu et de mettre en doute les velléités présentes. Pour le nouveau, François Dubet, en bon sociologue, de faire prendre du recul et de manier l’art du possible. Pour les syndicalistes, d’exprimer les insatisfactions, tout en soulignant les avancées et de se faire la voix d’une base qui ne saurait qu’être  » prête au changement et à tous les efforts « . Pour le principal de collège en zone difficile (M. Théodet, de Montreuil), de faire remonter une expérience exemplaire du fameux  » terrain « . Et bien sûr pour la ministre Ségolène Royal de montrer les succès de la mise en uvre,  » d’après les enquêtes qui remontent  » et d’annoncer les promesses du futur, entre mille compliments pour les enseignants qui font des efforts importants. Enfin, pour le modérateur – notre Michel Tozzi -, de faire respecter le timing prévu. Sans oublier les rôles qui se distribuent spontanément dans la salle : les syndicats non présents à la tribune qui font claquer leur sigle au grand jour, les parents se plaignant d’être  » une fois de plus oubliés « , le SNALC de réclamer plus de considération pour le latin et le grec, le CRAP de rappeler l’importance de la formation continue, mise à mal à la suite de la suppression des MAFPEN, alors qu’elle est décisive pour la réforme du collège.

Peut-on échapper aux rituels ? Ceux-ci ne font-ils pas partie quelque peu de la vie démocratique, surtout quand les enjeux sont réels et les faits débattus très concrets ? Il y a tout de même à réfléchir à la forme et à l’organisation de ce type de débat. Les Cahiers pédagogiques y reviendront à l’occasion du numéro  » Travailler aussi en grand groupe  » qui paraîtra à la fin de l’année scolaire.

Jean-Michel Zakhartchouk