Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Camille a la haine et… Léo adore les maths. L’imaginaire dans l’enseignement

Écouter les élèves, prendre le temps de leur donner la parole sans faire semblant est une démarche toujours intéressante. C’est ce que fait d’abord Jacques Nimier, nous livrant de nombreux extraits d’entretiens avec des lycéens de filière scientifique ou littérature sur leur rapport aux maths. La vérité de leur propos permet d’affiner l’analyse au-delà des idées reçues : en maths, il y a davantage un imaginaire de l’ordre qu’un ordre réel. Et l’inquiétude que suscitent les maths n’est pas partagée par tous : pour certains, c’est un monde rassurant, le seul univers où on puisse se protéger des adultes.
Jacques Nimier se place ainsi sur le registre psychanalytique et, traitant d’imaginaire, en vient rapidement à l’inconscient qui nous travaille – tous, élèves et enseignants, ces derniers invertissant aussi dans la classe et avec leurs collègues, à leur insu, des éléments fantasmatiques. Il plaide donc pour une école qui ne nierait pas l’imaginaire, qui ne serait pas crispée sur le registre du rationnel (alors qu’elle est loin d’échapper, elle-même, à ses fantasmes, ceux d’un âge d’or par exemple !) ; qui saurait voir chez les élèves des êtres humains faits de nombreuses « variables » et réagir avec plus de souplesse et d’empathie…
Cela l’amène à toute une série de propositions sûrement trop rapides sur le travail de groupes, la violence à l’école, le jeu, l’autorité, et même la formation des enseignants. Autant de thèmes tous intéressants mais, puisqu’il ne pouvait être question de les développer, on aurait aimé que Jacques Nimier creuse encore sa première perspective et cette question du rapport aux maths des élèves des séries S et L, une recherche d’autant plus nécessaire qu’on se lamente actuellement sur la désertion des séries scientifiques.
Regrettons pour terminer que l’éditeur ait produit une mise en page aussi minimaliste et parfois négligée qui ne peut mettre en valeur le propos de l’auteur.

Florence Castincaud