Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Bonne presse

Paris, jeudi 6 mars au matin. Les locaux de Terra Nova[[Terra Nova se définit comme « un think tank progressiste indépendant ayant pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes, en France et en Europe. »]] à Montparnasse sont éclairés par un soleil printanier. Cela faisait longtemps. Bon signe ? Les journalistes commencent à arriver. On se rassure : l’AEF, le Café, Le Monde, etc. sont là. Les copains des Cahiers aussi. On se bouscule devant les croissants. Claire Krepper et moi, un peu tendus, révisons dans notre tête les dix minutes de présentation imparties. Aboutissement de neuf mois de gestation, notre texte sur l’école commune va (enfin !) être rendu public. Dernières irritations : il y aurait eu des fuites, une brève la veille au soir sur un site, trois infos sur le contenu de la note. Mais quelle importance ?

La composition du groupe avait été pesée au trébuchet avec Maya Akkari, responsable du secteur éducation de Terra Nova. Pas facile d’arriver à un consensus à partir des expériences si diverses de pédagos, de technos et de militants aux convictions bien établies. Nous avions progressé pas à pas, chapitre par chapitre, et par accords successifs depuis la rentrée. Fin décembre l’assemblage était prêt, mais une lecture d’ensemble entrainait de nombreuses demandes de révision. Nous avions espéré janvier, ce serait février. Patatras ! Thierry Pech prend la tête de Terra Nova : nouvelles discussions, il faut chiffrer le cout du décrochage, mieux calibrer le plan de formation continue. Nous voici donc en mars.

Exposés faits, la parole est aux journalistes. Stupeur : on nous interroge sur nos « provocations » à l’égard du GSRP (Grand syndicat représentatif de la profession) à la veille de son congrès (ah bon ? je l’ignorais !) et sur le sens de nos « critiques virulentes » à l’égard du ministre (ah oui ? nous pensions nous inscrire dans le cadre de sa loi !). La lecture de la presse du lendemain le confirme : nos journalistes ne sont pas nés de la dernière pluie, ils ne se sont pas laissé bercer par notre petite musique, la triple rupture à l’entrée au collège, la mixité des classes, les élèves qui décrochent et tutti quanti. Trois petites phrases à l’appui, ils peuvent l’affirmer, ou le suggérer : derrière tout ça se cachent forcément de basses ambitions, une conspiration syndicale visant à mettre en difficulté les colombes du présidium du GSRP, une camarilla d’un courant du parti soucieuse de placer son chef dans la perspective du grand remaniement. À eux, on ne la fait pas !

Mais tout compte fait, nous avons eu bonne presse : on a parlé de nous.

Jean-Pierre Obin
(A coordonné la note de Terra Nova sur l’école commune)