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«Avoir un tel dispositif dans un établissement est un réel moteur»

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Pouvez-vous nous présenter le parti-pris de ce dossier?

Comme pour pas mal de sujets, il ne suffit pas de les décréter pour que des mesures s’appliquent. Nous souhaitions donc, à travers l’étude du dispositif ULIS, nous demander plus généralement ce qui pouvait être un frein ou un levier à l’inclusion scolaire. En France, la norme scolaire est encore tellement pesante qu’on a du mal à imaginer autre chose, un autre fonctionnement que l’externalisation des difficultés sous une forme ou sous une autre.

Un exemple révélateur de cette logique : il est assez courant qu’on parte des difficultés d’un élève (et donc de l’écart par rapport à «la norme») pour trouver le dispositif dont il a besoin plutôt que de s’appuyer sur ses potentialités. Le regard que l’on porte sur un élève a pourtant beaucoup d’importance (c’est l’effet Pygmalion).

Il ne s’agissait pas tant avec ce dossier de faire un état des lieux des dispositifs que d’en interroger les fonctionnements aujourd’hui en croisant des regards et des pratiques.

Quelles sont les questions qui se posent aujourd’hui autour de ce dispositif?

Est-ce que le dispositif est une aide ou est-ce qu’il stigmatise? Les risques sont nombreux, mais les avantages le sont aussi. D’une ULIS à l’autre, le fonctionnement peut être très différent. On en arrive à l’idée qu’il en va des dispositifs comme des outils : tout dépend de l’usage que l’on en fait. La dérive «papilloniste» existe (l’élève qui navigue de cours en cours sans que tout cela n’ait grand sens) ou encore la dérive «prisenchargiste» (un emploi du temps de ministre et des taxis pour des séances éclatées dans la semaine qui durent vingt minutes) en sont des exemples.

Mais il existe également le cercle vertueux des regards croisés et convergents et celui des prises en charge complémentaires et proportionnées. Les Unités sont pensées avant tout pour l’inclusion et, en tant que telles, devraient être le levier de ce principe et non leur unique recours. Cependant, on se rend compte aussi qu’avoir un tel dispositif dans un établissement est un réel moteur, facilitateur de pratiques inclusives. Les coordonnateurs font souvent bouger les lignes et leur rôle de personne ressource est indéniable.

Avez-vous une satisfaction et un regret sur ce dossier?

S’il y avait un regret, ce serait de ne pas avoir réussi à trouver témoignages permettant d’aborder la question de l’évaluation. Elle porte en elle la question de la norme scolaire et donc de tout ce qui s’en écarte. Elle est souvent au cœur de la problématique inclusive et reste un point sensible qui bouscule les certitudes.

Notre satisfaction est d’avoir réussi à recueillir des témoignages variés sur un sujet pourtant pointu. Nous espérons que ce dossier constituera un bonne rampe d’accès, accessible à toutes et tous…

Propos recueillis par Cécile Blanchard