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Au lycée Jehan-Ango de Dieppe, tous poètes grâce à Educ’ARTE

Pour utiliser les riches ressources d’Educ’ARTE, il faut d’abord les connaître. C’est ce que permettent les projets en partenariat avec des classes, comme celui-ci, où les lycéens découvrent en même temps le rôle de la Sacem, une chanteuse qui les ravit, et leur propre aptitude à l’écriture.

En septembre 2018, les enseignants de la classe de Seconde 4 sont contactés par le chef d’établissement pour mettre en place un projet avec Educ’ARTE et la Sacem. Au départ, la proposition était orientée autour de la musique et des métiers liés à la musique. Le professeur principal (M. Lautar, SVT) et moi-même (Français) étions intéressés. Quels liens faire avec nos programmes ? En français, l’année dernière, un des objets d’étude était « la poésie du XIXe au XXe : du Romantisme au Surréalisme ». Il fallait donc, pour aborder ces différents mouvements littéraires à travers des textes poétiques du XIXe au XXe, trouver un thème qui permettait en même temps de faire des liens avec la musique. J’ai proposé « La ville en poésie » avec les problématiques suivantes : quels regards les poètes portent-ils sur la ville ? dans quelle mesure la ville permet-elle au poète de renouveler la poésie au XIXe et au XXe siècle ? Côté écriture, l’objectif était de donner envie aux élèves d’écrire un texte sur la ville (leur ville, une ville imaginaire).

Pour résumer, les élèves devaient acquérir des notions sur les courants littéraires fixés par l’objet d’étude et maîtriser tout ce qui est lié à la versification (les règles d’écriture poétique / les formes poétiques).

Ainsi conçu, le projet était très orienté autour d’une seule matière : le français. Il fallait faire le lien avec le travail de M. Lautar qui est investi dans les méthodes des cogniclasses et utilise beaucoup la carte mentale pour la mémorisation. Et cette classe de Seconde était inscrite dans un projet sur les sciences cognitives. C’est donc en tant que professeur principal qu’il a participé à l’aventure en développant une des méthodes utilisée en cogniclasse (la carte mentale), dont un outil de création est proposé par Educ’ARTE.

Le projet s’est ensuite affiné par des contacts et discussions. La première intervention d’Educ’ARTE et de la Sacem a permis de présenter le projet aux élèves, les ressources disponibles sur l’ENT et le rôle de la Sacem. Nous avons ensuite travaillé ensemble au lycée pour élaborer le projet.

Rencontres

L’un des points forts du projet, pour moi, était d’amener les élèves à utiliser les ressources proposées par Educ’ARTE : elles apparaissent dans notre ENT grâce à un abonnement fourni par la Région, mais les élèves les utilisent trop peu.

Un autre point fort, en reliant le thème et les métiers de la musique au travail poétique, était de rendre cela vivant en rencontrant un artiste compositeur interprète : occasion aussi de faire découvrir la Sacem. Celle-ci souhaitait un travail avec un artiste local, j’en ai parlé aux élèves puis j’ai pensé à la chanteuse Fishbach (née à Dieppe, ayant un parcours atypique, elle venait d’être sélectionnée aux victoires de la musique l’année précédente). Elle a accepté et nous avons donc préparé sa rencontre avec les élèves.

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Utilisation des vidéos

Tout au long de la séquence, nous avons travaillé avec les vidéos d’ARTE. D’abord pour introduire le travail sur la poésie. La vidéo « Les grands mythes : Orphée » a permis aux élèves de comprendre les fonctions de la poésie ; ils en ont sélectionné des extraits pour illustrer la carte mentale. Nous les avons également utilisées pour préparer les questions posées à l’artiste. Louise Andrieu d’Educ’ARTE et la Sacem m’ont envoyé des références et des ressources à utiliser, par exemple plusieurs vidéos qui montrent des échanges entre un journaliste et un chanteur. Les élèves ont élaboré et classé leurs questions en s’inspirant de ces ressources, et cela a permis un questionnement bien plus original et intéressant que d’habitude sur ses débuts, ses sources d’inspiration, ses goûts littéraires et musicaux… Des élèves plutôt en retrait en classe se sont révélés à l’oral avec l’artiste et ont su adapter leurs questions à partir de ses réponses.

Nous avons aussi utilisé toutes les vidéos consacrées aux métiers de la musique ; ce sont des formats courts qui ont été d’excellents supports pour acquérir une méthode de prise de notes (tout en découvrant différents métiers). Toutes les vidéos ont été bien reçues par les élèves et certains ont découvert d’autres ressources en utilisant Educ’ARTE chez eux.

La carte mentale

M. Lautar s’est chargé de faire utiliser l’outil carte mentale aux élèves. Elle leur permet d’élaborer un schéma synthétique pour mémoriser plus facilement, par exemple, le vocabulaire poétique (les formes poétiques, le lyrisme, les caractéristiques des mouvements littéraires). Elle devait servir aussi à présenter un compte-rendu du projet lors de la venue de la Sacem et d’Educ’ARTE. C’est la partie qui a été la plus laborieuse. Certains élèves étaient réticents à l’idée de « faire une restitution » de notre rencontre avec Fishbach, qui les avait vraiment touchés. Mais surtout, les problèmes de connexion au lycée ont ralenti ce travail : à la fin de certaines séances, impossible d’enregistrer les cartes mentales que les élèves avaient patiemment mises au point… Cependant certains élèves ont travaillé chez eux et bien compris les bénéfices qu’ils pouvaient retirer de cet outil.

Le bilan

Le bilan est positif même si on peut toujours faire mieux. J’ai vraiment apprécié le travail et les échanges avec Educ’ARTE et la Sacem dans une réflexion partagée. J’ai appris à utiliser les ressources Educ’ARTE avec les élèves et je continue à exploiter cet outil avec mes classes cette année. Les élèves de l’année dernière, que je trouvais au début assez « fermés », se sont épanouis et ont découvert que l’on pouvait faire des liens entre le programme et un projet. Ils ont adoré la rencontre avec Fishbach et se sont vraiment mobilisés pour l’écriture des poèmes en classe. C’est vrai que c’est l’apport bénéfique d’un projet : les élèves ont travaillé, dans les cours sur la poésie, et ont écrit un poème en étant plus impliqués car tout ce travail devait aboutir sur deux choses concrètes : la rencontre avec l’artiste, et le tournage de la vidéo Educ’ARTE. Et ceux qui ne voulaient pas écrire ont été motivés par les autres.

Le travail en groupe leur a permis de créer des liens nouveaux, de prendre confiance, de se répartir les tâches et de mettre en valeur leurs compétences au sein d’un ensemble.

Je regrette seulement que ce projet n’ait pas été mieux valorisé au sein de l’établissement, seuls deux enseignants se sont investis. J’ai donc orienté et peut être « restreint » le projet sur ma matière (le français).

Cette année, les ressources d’Educ’ARTE sont une aide en classe de première pour compléter les cours (la représentation d’une pièce de théâtre : Le Mariage de Figaro), ou pour découvrir une œuvre (un documentaire sur La Princesse de Clèves). En classe de seconde : j’utilise les formats courts sur les présentations des métiers artistiques (comme aide à la réflexion sur l’orientation) et pour faire des exercices liés à la prise de notes. Je vais également utiliser les ressources pour Tartuffe de Molière.

Ingrid Dedecker
Professeur au lycée Jean Ango de Dieppe
Propos recueillis par les Cahiers pédagogiques


Vidéo de la série Cas d’usage sur le projet :


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