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Au coeur de la formation

L’ESEN en cinq tableaux :

**La logistique (1/5)
**Témoignages et formation des chefs d’établissements, formation des inspecteurs (2/5)
**La formation des personnels scolaires, l’innovation pédagogique et le numérique (3/5)
**International et partenariats, enseignement supérieur et recherche et deux témoignages de chefs d’établissements stagiaires (4/5)
**Le centre de ressources, le secrétariat de direction et le directeur de l’école (5/5)

On l’appellerait encore volontiers l’ESEN. Y sont formés les chefs d’établissements, les inspecteurs, et également les personnels administratifs, techniques, sociaux et de santé. Qu’est-ce qui définit cette école où sont venus l’an dernier 9000 stagiaires et 1000 intervenants ? Est-ce que l’on peut éviter l’écueil de n’être plus qu’une machine à former, voire transformer ou même formater des cadres et des personnels, lorsque l’on s’est développé jusqu’à une telle ampleur ? Ou est-ce que, grâce à certaines habiletés et à un tour de main singulier, l’on parvient à demeurer des artisans ?
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Lorsque l’on se rend à l’ESENESR, tout commence deux semaines avant. C’est Catherine Ficheux, assistante de direction, qui est chargée de préparer le séjour, dans ses moindres détails horaires et matériels. Le programme annoncé impressionne un peu : en quelques heures, est prévue une rencontre avec tous les ingénieurs de formation, jusqu’à Jean-Marie Panazol, directeur de l’établissement. Dans les mails de Catherine Ficheux, la précision de l’organisation n’impressionne pas moins…

Jean-Pierre Vigreux

Jean-Pierre Vigreux

A 12h42, Jean-Pierre Vigreux, le chauffeur de l’ESENESR, est là comme annoncé. Chauffeur : fonction importante lorsque l’on sait que l’école est située à Chasseneuil, à une dizaine de kilomètres de la gare de Poitiers. Mais ce chauffeur-là n’a pas de casquette et rien d’un être fade et empesé, comme pourrait être celui de l’usine à former. Il offre dix kilomètres de conversation joyeuse sur la campagne et l’activité autour de Poitiers et sur l’école, « son école ». Si quelqu’un connait l’ESENESR, c’est bien Jean-Pierre Vigneux, puisqu’il y est depuis son ouverture, en 1997. « Mais je faisais déjà partie de l’ESEN lorsqu’elle se situait encore à Paris. J’y étais menuisier. C’est en tant que menuisier que j’ai préparé le déménagement de la rue de Grenelle. » On n’ose imaginer la complexité d’une telle entreprise… Troquant la scie contre le volant et l’art du bois contre celui de la conversation, depuis quelques années Jean-Pierre Vigreux a endossé la fonction de chauffeur. Mais son attachement à l’ESEN devenue ESENESR semble être resté le même.

Bernard Jean

Bernard Jean

Même impression lorsque l’on rencontre Bernard Jean, « chef du bureau de l’accueil des stagiaires, du patrimoine immobilier et du service intérieur ». Le titre est compliqué mais l’homme est simple et jovial. Et précis dans l’organisation des parcours et des horaires, lui aussi. Il arrive d’une grande entreprise publique. « En passant du privé au public, j’ai pu observer et comparer des procédures. Et lorsque parfois l’excès de rigueur administrative m’est apparue contreproductive, je n’ai pas hésité à en faire part. Et l’on m’a écouté. » Un nouvel élément contre l’idée de la chaine à formater… Il s’agirait donc tout à la fois de rechercher la précision dans l’organisation et de laisser les personnels lutter contre la rigidité qui guette les grosses structures. Pour cela, on peut compter sur le regard clair de Bernard Jean…

Isabelle Oblet

Isabelle Oblet

Un passage dans le bureau d’Isabelle Oblet, secrétaire générale, confirme en tout cas l’importance de l’accueil et la nécessité d’être efficace dans la logistique : vingt-sept personnes s’occupent de l’accueil, des affaires financières et des ressources humaines. L’ESENESR, c’est certes un éventail de formations, dont 85 % sont assurées sur place. Les moments passés sur le lieu, tous ensemble, à partager des expériences, confier ses doutes, échanger des pratiques et au final tisser des liens. Chaque promotion de chefs d’établissement et d’inspecteurs se retrouveront plusieurs fois au cours de leur l’année de titularisation. Ce sont des moments rares et précieux, avant que chacun ne reparte chez soi, vers son ordinaire. Alors, il est essentiel que ces moments de rencontres professionnelles soient particulièrement réussis.

Les stagiaires aperçus discutant sur des fauteuils, attendant pour entrer au restaurant ou feuilletant des livres au centre de ressources, ne le démentiront pas. La restauration, l’hébergement, les espaces avec salons, le centre de ressources sur place, tout doit amener à construire un vrai « esprit de promo », même lorsque se retrouvent ensemble 750 personnes certaines semaines. « Il faut une logistique au cordeau, gérer les retards des trains, gérer les intempéries, toujours anticiper, toujours être prêts à s’adapter. Parce que la logistique et la pédagogie sont étroitement liées. » Dans les usines à formater, on doit se moquer de la pédagogie. On doit se moquer de la convivialité aussi. Avec une formation de juriste, un parcours en ressources humaines et dans les marchés publics, Isabelle Oblet, elle, ne s’en moque pas, depuis dix ans qu’elle travaille à l’ESENESR. Et l’on comprend qu’avec elle, les tempêtes de Poitiers n’ont qu’à bien se tenir…

Alors, comment le fameux « esprit de promo » se développe-t-il chez les stagiaires actuellement en formation, chefs d’établissement nouvellement reçus au concours, croisés dans les couloirs ? C’est ce que nous verrons demain.

(A suivre)

Christine Vallin