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Attention chantiers de refondation

  • Enseignants de français et enseignants en français

Derrière cette formule se trouve la question des contours de l’enseignement du français : qu’est-ce qui se joue dans les autres apprentissages et quels pprentissages relèvent spécifiquement de la discipline «français». Cette problématique, longtemps cantonnée à l’enseignement primaire et au FLE, concerne désormais l’ensemble des niveaux. Cela impliquait de dénaturaliser les langages et discours disciplinaires, d’interroger des notions telles que «maitrise de la langue», «langue», «langages», «discours». La deuxième table ronde du premier jour a ainsi vu un beau moment de dialogue autour de la narration historique. Une avancée sur ce terrain passe par la distinction entre compétences langagières (compétences liées à une utilisation en contexte – social ou disciplinaire) relevant de tous les éducateurs et de chaque enseignement de spécialité, et compétences linguistiques, liées à la mise en œuvre consciente de moyens linguistiques pour pouvoir adapter avec pertinence son langage, et qui relèvent du français.

  • Fin de l’opposition de la Galaxie Gutemberg et du numérique ?

Plusieurs ateliers et une table ronde ont mis en évidence les apports du numérique, par exemple comment l’écriture collaborative des pads et des blogs crée une situation de coopération propice à la distanciation, à l’épaississement des textes à travers de multiples dialogues entre élèves et avec l’enseignant ; ou bien encore comment un blog de classe et l’utilisation de «réseaux sociaux» permet de développer la créativité. Mais on n’en est pas restés à la fascination par l’outil. Quels enjeux cognitifs ? Comment réduire une fracture numérique qui se creuse dans les usages plus encore que par l’accès ?

  • Les enjeux sociaux de l’écriture

Un espace consacré aux ateliers rédactionnels en lycée professionnel a amorcé la réflexion sur les usages professionnels et sociaux de la langue et de l’écriture tandis qu’un spectacle par une militante de RESF rappelait combien, derrière des implicites et des non-dits, se glissent des abus de pouvoir et des vies humaines brisées.

  • Vivifier la francophonie

Le constat dressé par les collègues de pays fortement francophones comme le Liban ou de pays où l’enseignement est totalement ou partiellement francophone (Gabon, Bénin, Maroc) est alarmant, et l’on a pu constater combien l’abandon linguistique rime avec une maltraitance éducative lourde de conséquences pour l’avenir. Le contraste entre le délabrement éducatif décrit par ces collègues, et la situation florissante des lycées français du Portugal et des pays lusophones, est sans doute symptomatique : la plupart des élèves accueillis dans ces établissements acquittent une mensualité équivalente à un SMIC portugais…

  • Reformer la formation

Au cours de ces trois jours, les occasions n’ont pas manqué de rappeler combien la formation initiale et continue est un enjeu, combien elle a été et est encore mise à mal. Dans un tel contexte l’AFEF a manifesté sa volonté de fédérer les énergies de chercheurs, de formateurs et d’enseignants de tous niveaux dont ces trois jours ont montré la capacité à réfléchir, débattre et se mobiliser dans une logique de recherche-action.

En conclusion l’AFEF a présenté 16 propositions (voir afef.org) autour desquelles s’est amorcé un débat qui a révélé certains manques (par exemple autour de l’école inclusive) et qui se poursuivra sur le site de l’association jusqu’à son assemblée générale en février.

Dominique Seghetchian

La table ronde des partenaires de l’AFEF, avec pour le CRAP, Caroline Jouneau-Sion.

La table ronde des partenaires de l’AFEF, avec pour le CRAP, Caroline Jouneau-Sion.