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Atelier « Autorité et Pédagogie »

Gardons en tête, en préambule, que derrière la question de l’autorité se cache une souffrance pour beaucoup d’enseignants. Souffrance d’autant plus forte que l’image de l’enseignant qui sait faire régner le calme et l’ordre dans sa classe est particulièrement valorisée en France (ce n’est pas le cas dans d’autres pays), d’où un jeu de hiérarchies implicites et douloureuses dans les établissements, encore vivaces aujourd’hui, même si heureusement elles perdent de leur force, entre les enseignants qui « savent y faire », qui « n’ont pas de problèmes » et s’en vantent, et d’autres moins sûrs d’eux.

Prendre des risques

Dans l’atelier, chacun a d’abord essayé de répondre à cette question : en vous remémorant une ou des situations de classe précises, dites comment vous voyez les liens entre autorité et pratiques pédagogiques. Puis, par groupes, la mise en commun devait aboutir à une ou des formulations explicitant ces liens, et à des questions éventuelles.

Je tente la synthèse suivante, qui n’engage que moi

  • L’autorité que nous voulons travailler, c’est la capacité à créer les conditions pour que tous les élèves entrent dans les apprentissages. Ce qui va, bien sûr, du calme à obtenir quand c’est nécessaire jusqu’aux façons d’enrôler tous les élèves dans le questionnement et la situation proposés ici et maintenant, dans cette classe.
  • Il s’agit de faire alliance avec les élèves sur un projet d’apprentissage, même si la dévolution de ce projet n’est pas facile … Et comment prendre en compte les « dissidents », ceux qui – à un moment donné-ne veulent pas entrer dans les apprentissages ?
  • Cette idée de l’autorité ne correspond pas aux représentations dominantes qui confondent souvent l’autorité (dans quoi elle s’enracine) et ses effets (le calme obtenu) . Ces représentations sont celles de certains collègues mais aussi d’élèves qui ne nous suivent pas forcément dans notre recherche d’une autorité au service de la réussite de tous. Il va falloir parfois la gagner « contre » leurs préjugés. Une façon aussi de transmettre nos valeurs …
  • La recherche de cette autorité n’exclut pas les moments où il faut exiger, rappeler la règle, sanctionner. Inutile de rêver de n’avoir pas à le faire ! Il faut compter aussi sur le temps : l’année et les années que l’on passe dans un établissement.
  • Y a-t-il des pratiques pédagogiques plus « risquées » que d’autres, du point de vue de l’autorité ? Oui, chacun le sent en fonction de ce qu’il est et de ses classes : j’hésite ici à tenter un débat même cadré, là à lancer une modalité d’évaluation qui va casser les habitudes. Il faut alors se donner des points d’appui, des sécurités, calculer la part de risque qu’on peut s’autoriser.

Pour cette réflexion, nous nous sommes appuyés sur l’article de Bruno Robbes, « Se défaire de l’autoritaire, repenser l’autorité » Cahiers Pédagogiques n°426, « Autorité », septembre 2004.

Se donner les moyens de réussir

Trois documents sont proposés :
– Un article de Jean-Claude Voirpy, « Contourner par l’activité » ( Cahiers Pédagogiques n°426) qui énonce dix propositions pour mettre les élèves aux travail sans attendre d’avoir réglé les problèmes (de refus, de d’évitement…) . Consigne : dire si les propositions nous paraissent pertinentes et possibles à mettre en oeuvre.
– Un article de Philippe Perrenoud, « La communication en classe : onze dilemmes » (Cahiers Pédagogiques n°326, 1994). Consigne : traiter un ou plusieurs dilemmes entre le n°7 et le n°11 ; proposer des pistes pour sortir (un peu) du dilemme.
– Un document proposant des exemples de situations qui posent problème (exemple : le moment de synthèse vers la fin de l’heure est vécu par mes élèves comme un temps de bavardage : ils copient ce qui est écrit au tableau tout en parlant d’autre chose) . Consigne : proposer des éléments d’analyse et des pistes pour l’enseignant.

Les participants se regroupent en fonction du document choisi.
Rapide compte-rendu au grand groupe.

Florence Castincaud