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Accueillir des élèves handicapés

1. Dans les faits, l’évolution voulue par cette nouvelle loi a-t-elle lieu ? À quel rythme ? Avec quels freins ?
Les freins principaux tiennent à la méconnaissance des enjeux et de la portée du dispositif. Certes, la loi prévoit que l’ensemble des enfants handicapés soient désormais inscrits à l’école de leur quartier… Ce qui ne signifie pas que l’école doive être en mesure de les accueillir tous : pour certains enfants, l’intégration scolaire sera effectivement une solution à préconiser, pour d’autres ce sera un accueil dans un établissement spécialisé. Il semblerait que ce dispositif soit, dans un nombre important de situations, mal compris et suscite l’inquiétude d’enseignants pensant, demain, devoir accueillir sans moyens spécifiques l’ensemble des enfants handicapés.
Un autre frein tient à la montée en puissance du nouveau dispositif : il manque de nombreux enseignants référents, de nombreux enseignants spécialisés, et la transition entre les anciennes CDES et CCPE (commissions locales et départementales pour l’éducation spécialisée) vers les «Maisons départementales des personnes handicapées» ne se fait pas sans poser quelques difficultés.
Il est donc probable que l’incidence concrète des nouvelles dispositions législatives demeurera assez faible lors de la rentrée 2006-2007.

2. La notion de « parcours individuel » proposé à chaque enfant handicapé paraît un peu abstraite. Pourriez-vous donner un exemple ?
L’individualisation doit être au cœur des réponses apportées aux personnes handicapées, aussi bien à l’école que dans des établissements pour adultes. Concrètement, cela signifie qu’il convient de faire une évaluation des besoins des enfants handicapés, compte tenu de leur projet de vie et/ou de celui de leurs parents, et d’y répondre de manière globale et coordonnée. Tel enfant aura besoin d’un soutien éducatif, tel autre de quelques heures de psychomotricien par semaine, tel autre pourra valablement et sans difficulté être intégré scolairement avec le seul soutien d’un AVS (auxiliaire de vie scolaire), tel autre enfant, en raison de la nature et de la lourdeur de son handicap, devra partager son temps entre l’école et un établissement spécialisé. Il s’agit d’une logique de « sur-mesure », l’idée étant qu’il appartient à l’environnement de s’adapter aux besoins de l’enfant ou du jeune handicapé, et non à celui-ci de se conformer à une organisation et à un mode d’accueil fixes et intangibles.

3. Comment réfléchir avec une classe, avec un établissement, sur l’accueil d’élèves handicapés ?
Il existe différentes pistes de travail, comme par exemple l’organisation de « jumelages » avec des établissements spécialisés, permettant de réaliser en commun des activités extrascolaires ou festives, l’organisation de débats au sein de la classe, afin de faire tomber ou combattre certains préjugés (le handicap n’est pas « contagieux », ses causes en sont multiples, se moquer d’un camarade trisomique en le traitant de « mongolien » peut être très blessant…).
À cette fin, l’Unapei diffuse actuellement un DVD interactif intitulé « l’écolensemble » (voir notre annonce ci-contre) qui rassemble, à destination des enseignants, des fiches pédagogiques, des dessins animés mettant en scène deux abeilles, dont l’une est un peu « différente », destinés à servir de support à une animation, ou encore des témoignages d’enseignants et d’enfants.

Laurent Cocquebert, directeur général de l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis).
Propos recueillis par Florence Castincaud.