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Accompagner, encore et toujours au cœur du métier

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En avril 2001, le dossier n° 393 des Cahiers pédagogiques «Accompagner, une idée neuve en éducation» posait la question de l’articulation des temps courts en classe et du travail individuel en lien avec le développement de l’élève. Il montrait déjà, à cette époque, la diversité des dispositifs mis en place. Le Hors-série numérique n° 22, en 2010, «Aider et accompagner les élèves, dans et hors de l’école», creusait encore le sillon en ouvrant de nouvelles pistes. Quand le milieu universitaire s’empare du concept pour en faire un objet de recherche, c’est notamment pour constater que l’accompagnement représente une nébuleuse, pour reprendre l’expression de Maëla Paul, dont on lira une contribution en début de dossier. Sous cette appellation, il y a en réalité de nombreuses pratiques au service des élèves : compagnonnage, tutorat, parrainage, mentorat, coaching, etc.

Ce dossier peut se lire comme un aller-retour entre théorie (partie 1) et mises en pratique diversifiées (parties 2 et 3). Ainsi les exemples de pratiques, de la maternelle jusqu’à l’université, nous rappellent la place des interactions et des échanges verbaux dans l’accompagnement, mais aussi l’importance de l’écoute de l’accompagnant. Différents auteurs évoquent ainsi leur accompagnement au travers de ces courts temps de dialogue avec les élèves sur des moments informels (dans le couloir, sur la cour de récréation, hors la classe). D’autres relatent des propositions pédagogiques mises en place au sein de la classe, dans le cadre de l’accompagnement personnalisé ou de l’orientation, sans oublier ces formes d’accompagnement plus individualisées proposées par les conseillers principaux d’éducation, les infirmiers, les psychologues de l’Éducation nationale, qui permettent l’expression de soi. Il y a également ces temps d’échanges organisés par les formateurs pour les stagiaires sous forme d’entretiens, d’échanges scripturaux ou d’espaces d’expression personnalisée.

L’accompagnement, ce n’est pas décider à la place de l’accompagné ou le contrôler. Deux textes notamment font référence à cette posture. L’un où le chef d’établissement laisse la possibilité aux enseignants soit de s’engager dans un dispositif expérimental nécessitant tâtonnements et ajustements, ou alors de rester à la marge en poursuivant ce qui se faisait précédemment. Un second où l’auteur dégage les limites de l’accompagnement institutionnalisé. En effet, pour qu’il y ait accompagnement, il faut que les deux, accompagnateur et accompagné, soient prêts à cheminer ensemble.

En sous-couche de ces pratiques diversifiées, la question de la posture éducative de l’accompagnateur reste une clé essentielle. S’appuyer en priorité sur les forces ou les atouts de l’élève relève de la posture d’accompagnement davantage que de s’inscrire dans un repérage des manques ou des déficits. Et pour l’élève, il s’agit de (re)trouver la confiance indispensable à l’entrée dans les apprentissages, tout en se sentant responsabilisé dans ses démarches. Ce dossier est donc l’occasion de partager et de réfléchir à nos pratiques du suivi tant individuel que collectif. En effet, qu’il soit professeur des écoles, de collège, de lycée, d’université, le formateur n’est pas un précepteur, il évolue dans l’hétérogénéité du collectif.

Un dernier élément qui se dégage en filigrane de ce dossier est la notion de temps. Accompagner, ce n’est pas un one shot ! Au contraire, il faut du temps pour consolider la relation et construire un parcours d’apprentissage. Un peu comme une plante qui prend son temps pour grandir à son rythme.

À la veille de ces grandes vacances, puisse ce dossier constituer un compagnon de voyage.

Rachel Harent
Professeure des écoles
Xavier Dejemeppe
Formateur d’enseignants