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Accompagnement et formation

D’ordinaire on ne présente pas ici les ouvrages de la catégorie  » Actes  » d’Universités d’été ou de Colloques qui intéressent surtout ceux qui ont participé. Pour une fois je ferai une exception signalant même les précédents publiés au CRDP de Marseille.
– Comprendre et construire la médiation -1995.
– Construire et entretenir la motivation – 1996.

Ces ouvrages s’adressant surtout aux formateurs comportent les textes des conférences, des colloques, les textes proposés par les participants, les résultats des travaux des ateliers, les dispositifs utilisés

L’accompagnement dans les pratiques d’apprentissage et dans les dispositifs de formation (Université d’Été 1997) introduit la prise en compte de la durée dans les processus de formation. Dans le champ pédagogique se développe une nouvelle formation  » l’accompagnement  » qui vise à aider le sujet apprenant à construire des liens qu’il ne saurait établir spontanément tout seul, en particulier avec l’enseignant. Cette notion est née dans les pratiques diverses du travail social, dans l’éducation spécialisée et en milieu hospitalier. Son transfert dans l’école est récent.

Le travail social est un travail à risques. Le travail pédagogique le devient. Il faut s’organiser, s’y prendre à plusieurs, distribuer les responsabilités, ne pas agir seul. La banalité de l’acte d’enseigner ne doit pas masquer sa complexité ni l’engagement personnel intense des principaux partenaires.

Les principales étapes qui marquent la démarche d’accompagnement sont d’après Gérard Wiel : écouter/clarifier/préparer/aider à la décision.

L’accompagnement est lié au projet, à la demande et à la liberté d’agir. L’accompagnateur est un médiateur.

Daniel Favre démêle et tricote les notions d’écoute, d’empathie et d’affectivité. Avec le concept d’intelligence émotionnelle il montre l’intrication des processus affectifs dans les phénomènes de cognition et de décision et les conflits Moi/affectivité. Par l’écoute nous nous rapprochons de l’affectivité de l’autre, c’est l’accueil de l’altérité. L’empathie devient une  » capacité à comprendre l’autre « . La dimension affective de l’accompagnement montre l’impossibilité fonctionnelle d’accompagner à distance et implique une proximité affective.

Mais comment faire en situation pédagogique ? La disponibilité nécessaire n’empêche pas que s’instaure une véritable relation d’aide qui vise la prise de conscience pour aider l’élève à réaliser ce qu’il est, à un moment donné, pour lui,  » bon et juste de faire « . Cependant, approcher l’affectivité de l’autre n’est pas une aventure banale car il n’est pas possible d’être soi-même neutre.

Alain Bouvier nous propose une réflexion sur la relation pédagogique, à partir d’une approche systémique. Et Mireille Cifali aborde  » une altérité en acte « . Apports psychanalytiques dans le champ éducatif. L’accompagnement exige une intersubjectivité, un travail sur soi dans le rapport à l’autre. En quoi devons-nous être accompagnés ? Qu’est-ce qu’une rencontre ? La relation à l’autre, lorsqu’il s’agit de grandir ou d’évoluer, ne peut être exempte d’affrontements, de combats et d’éclats.

Dans la table ronde de synthèse, Michel Lecointe et Georges Chappaz tentent de faire mieux comprendre les différents rôles qui sont en jeu dans le processus d’accompagnement. Ce que l’on aide le plus, en classe, c’est la relation de l’élève au savoir et la relation au monde. En définitive accompagner c’est  » compagnonner « , partager le même pain.

À la question, les établissements secondaires ont-ils besoin d’intervenants-conseils accompagnateurs ? La réponse fut :  » Oui, mais en prenant certaines précautions !  »

On trouve ensuite les comptes rendus des travaux des ateliers de la session de formation qui ont utilisé comme centre d’intérêt les thèmes des démarches d’accompagnement et modes de relation entre accompagnateurs et accompagnés, et des analyses des situations de terrain.

Un livre utile, à partir d’une réflexion collective poussée à son terme, un travail de formateurs accompagnés, sur le plan théorique, par des universitaires, eux-mêmes sollicités tout au long du Colloque. Un travail comme savent faire les collègues qui travaillent depuis quelques années, dans les MAFPEN, à la formation continue des enseignants. Mais, comme je le signalais au début, je suis très mal placé pour en parler : j’y étais !

Jacques Carbonnel