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«A l’école, on ne s’embarque jamais seul»

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«Embarquer» les élèves, cela ressemble à un projet qui va au-delà de leur «simple» motivation ?
Bien sûr… C’est plus qu’une simple question de motivation. C’est la question de l’implication et de l’engagement de l’élève dans ses apprentissages et dans son parcours de formation et du sens qu’il donne à ce qu’il fait à l’école. Pour arriver à bon port, il faut certes, motiver les élèves, mais aussi fixer des objectifs clairs et compréhensibles, apprendre à persévérer (voir l’article de Jean-Michel Zakhartchouk sur le site), utiliser les erreurs pour progresser, réveiller l’intérêt au bon moment et, parfois, aider ceux qui ont décroché à se remettre en projet d’apprentissage. Et puis à l’école, on ne s’embarque jamais seul. Le dossier aborde également la question des relations dans la classe car elles ont un impact sur les apprentissages des élèves.

Une partie du dossier évoque l’«équipage» que constituent la classe et l’enseignant. Est-ce qu’au fond, «embarquer les élèves» ça n’est pas aussi s’embarquer soi-même ?
C’est d’abord s’embarquer soi-même. Tous les articles du dossiers montrent la créativité des enseignants qui choisissent une voie, des situations, des outils, des rituels qui leur parlent à eux d’abord, profondément. Si le capitaine n’est pas convaincu de son cap, qui le suivra ? Mais une fois en classe, l’enseignant s’embarque car il prend le large lui aussi avec ses élèves, il est obligé d’avoir confiance en eux, en leur capacité à apprendre, à mener à bien leur tâche, leur projet. Souvent, il lui faut lâcher prise, emprunter des voies imprévues parce que quelque chose résiste, ou parfois aussi parce que les élèves ont la bonne idée de le mener ailleurs.

Le dossier reflète ainsi les questionnements fondamentaux des enseignants sur la mise au travail des élèves, le sens donné aux activités proposées, l’attention portée à la perception par les élèves de l’apprentissage derrière la tâche scolaire.

Y a-t-il une chose que vous retenez en particulier du travail sur ce dossier ?
Nous avons été surprises par l’inventivité pédagogique qui ressort de toutes les contributions que nous avons reçues, qui témoignent d’expériences riches et variées. C’est cela qui nous a le plus enthousiasmées, ce foisonnement d’idées, cette créativité vive des enseignants pour «embarquer» leurs élèves, pour les faire adhérer aux situations de classe et leur tendre la main vers les savoirs à acquérir.

Malheureusement, nous avons dû refuser des textes, faute de place. Il nous a fallu fixer un axe pour chaque article, mais beaucoup de contributions proposent de multiples «leviers» et ces «leviers» se recoupent souvent, tous niveaux confondus. Finalement, ces nombreuses questions liées à la métaphore du voyage : la motivation, le projet, la persévérance, le travail sur l’erreur, sur le développement de la coopération et de l’empathie dans la classe, le travail didactique… Toutes ces questions pédagogiques se posent quasiment dans les mêmes termes de la maternelle à la formation d’adulte. C’est pourquoi il nous semble que chaque article peut apporter quelque chose à chacun, quel que soit le niveau où il enseigne.

Propos recueillis par Cécile Blanchard

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