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À l’école de l’intelligence

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On apprécie toujours dans un ouvrage l’alliance entre une pensée claire, structurée, argumentée et un langage accessible, sans complications inutiles, surtout dans un domaine aussi complexe que celui de l’apprentissage. Aussi lira-t-on avec plaisir et profit le livre, très pédagogique (c’est un compliment, bien sûr !) de J.-Y. Fournier qui nous propose un panorama (forcément non exhaustif) des notions clés qui tournent autour de l’acte d’apprendre et de l’intelligence en action. Mais il fait plus que nous proposer cette vulgarisation, il prend parti, avec nombre d’exemples à l’appui, pour une démarche qui intègre selon un certain ordre diverses opérations intellectuelles, souvent confondues ou mal nommées. Il s’inscrit en cela dans une démarche constructiviste qui refuse tout autant ce qu’il appelle « la dérive associationniste » que la déduction oublieuse de ce qui l’accompagne nécessairement : l’induction.

L’ouvrage comprend trois parties : une définition de l’intelligence (qui se distingue d’autres facultés mentales comme l’intuition, l’imitation, la mémoire, etc.), puis une analyse minutieuse du fonctionnement de l’intelligence (quatre opérations essentielles : analyse, synthèse, généralisation, application, qui renvoient à quatre finalités : l’observation – mais à partir d’hypothèses, l’explication, la formalisation, la résolution qui va donner lieu à une conceptualisation). La dernière partie nous intéresse particulièrement, puisque l’auteur s’y exprime en tant que formateur d’enseignants et propose une démarche d’apprentissage fondée sur la résolution de problèmes (de « vrais problèmes » et non de simulacres), en opposition à d’autres qui restent largement dominantes dans l’école actuelle, où alternent cours fortement dirigés et pseudo-découvertes à travers l’activité des élèves (découvertes qui se terminent, trop souvent, par des interventions du professeur qui « sort un lapin de son chapeau »).

On peut bien sûr discuter plusieurs des affirmations, parfois rapides et péremptoires, de l’auteur, ou lui reprocher d’évacuer trop vite certaines questions comme la nécessaire automatisation de certaines tâches (ce qui renvoie aussi à l’articulation entre mémoire et intelligence, ou au problème des « bases » qu’on ne peut écarter d’un revers de manche), ou de ne pas évoquer par exemple la différenciation, en particulier selon les styles cognitifs. Ou encore de ne pas considérer les spécificités disciplinaires : la démarche proposée convient-elle également pour les sciences exactes et le travail sur la langue ? Mais ces réserves, qui sont autant d’invitations à de stimulants débats, n’entament en rien l’intérêt de ce livre à intégrer dans la panoplie du formateur comme de l’enseignant curieux de ce qui le concerne en tout premier lieu : réfléchir à comment on fait marcher son intelligence [[À compléter avec le dossier que nous avons publié en février 2000 dans le numéro 381 des Cahiers pédagogiques : « L’intelligence, ça s’apprend ? »
]]…

Jean-Michel Zakhartchouk


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